Littérature française

Jules Verne

Voyages extraordinaires I et II

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Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

En mai 2012, la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade » propose à ses lecteurs, fidèles ou occasionnels, de (re)découvrir un géant de la littérature française : Jules Verne. Occasion de réviser quelques idées reçues, cette 
publication est avant tout une invitation à la lecture 
et à l’imagination.


« Jules Verne entrant dans la Bibliothèque de la Pléiade. Personne, à vrai dire, pour en être étonné. Mais personne, non plus, pour s’y attendre vraiment. » Jean-Luc Steinmetz souligne ainsi, dès les premières lignes de l’introduction, ce que d’aucuns considèreront comme un paradoxe. En effet, les romans de Jules Verne sont encore bien souvent considérés comme des ouvrages pour la jeunesse, en tout cas comme une littérature populaire indigne de la reconnaissance des mandarins du cénacle. C’est donc une « réelle légitimation », une « réévaluation » de l’œuvre de Jules Verne qu’appellent de leurs vœux ceux qui ont contribué à cette nouvelle – et remarquable – édition. Restait le problème du choix des romans à mettre en avant dans ce projet. En effet, avec soixante-huit volumes des Voyages extraordinaires, parmi lesquels les célébrissimes Cinq semaines en ballon, Voyage au centre de la terre ou Michel Strogoff et les plus discrets, mais non moins intéressants Une ville flottante, Mathias Sandorf ou Le Superbe Orénoque, difficile de définir les textes les plus à même de représenter le travail de l’écrivain. Les deux volumes des Voyages extraordinaires de La Pléiade comportent finalement quatre romans : Les Enfants du capitaine Grant, Vingt-mille lieues sous les mers, L’Île mystérieuse et Le Sphinx des glaces, les trois premiers constituant une sorte de trilogie quand le quatrième est à la fois un écho et un hommage à Edgar Allan Poe et à ses Aventures d’Arthur Gordon Pym. Cette édition, bien sûr illustrée car les images tiennent une place particulière dans la lecture des œuvres de Jules Verne, compte plus de 500 gravures. Dans le même esprit de célébration du lien inextricable entre textes et images, l’album annuel est également consacré à Jules Verne. Signe, là encore, de l’envie de faire de cette entrée dans la Pléiade de l’auteur du Tour du monde en quatre-vingts jours un événement.


Selon Pierre-Jules Hetzel, éditeur historique de Jules Verne, le but de l’écrivain était « de résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassées par la science moderne, et de refaire, sous la forme attrayante et pittoresque qui lui est propre, l’histoire de l’univers. » Projet ambitieux, mais présentation encore réductrice par rapport à la richesse de quarante années de publications, dont les couvertures rouge et or ont fait et font encore rêver des générations de lecteurs, petits et grands. Auteur français le plus traduit à travers le monde, sans cesse réédité depuis plus d’un siècle, Jules Verne a connu au fil des ans un succès jamais démenti auprès du grand public. Gageons que cette nouvelle édition lui ouvrira les portes d’une nouvelle aventure : la conquête d’un nouveau public débarrassé de ses idées préconçues et toujours avide de découvertes, d’aventures et de rêves.

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