Littérature française

Delphine Coulin

Voir du pays

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Les films comme les livres de Delphine Coulin esquissent les trajectoires d’êtres aux destins presque ordinaires. Cette fois, deux femmes militaires de retour d’Afghanistan.

Aurore et Marine se sont rencontrées au lycée. Malgré leurs différences, ou peut-être à cause d’elles, « elles ont grandi en se faisant la courte échelle », « à la vie, à la mort ». L’horizon bouché, les attentes familiales, la volonté d’échapper à un milieu social déprimant, l’aspiration à occuper une place à soi dans le monde et le rêve de « voir du pays » les ont conduites à s’engager dans l’armée. Quand on les découvre, elles reviennent d’une mission de six mois en Afghanistan et vont participer à un « sas de décompression » organisé par l’armée à Chypre, période devant leur permettre de reprendre leur vie en France. Mais la mission, la guerre, la violence, la haine ont laissé des traces sur les corps et dans les esprits, mettant à mal leur amitié, leur regard sur leur métier, le monde et leur vie. Ces trois jours peuvent les sauver ou les faire sombrer… en fonction des événements et surtout des mots qui seront prononcés ou passés sous silence. Voir du pays est un roman tout en tension, qu’on lit le souffle court, qui appelle de nombreuses réflexions sur la féminité, les enjeux d’une guerre, les espoirs d’une autre vie.

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