Littérature étrangère

Holly Goddard-Jones

Kentucky Song

illustration

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Roma, petite ville ordinaire du Kentucky : son collège, ses usines, ses familles – riches ou pauvres – qui tentent de sauver les apparences. Jusqu’à la disparition de Ronnie Eastman…

Il suffit d’un chapitre à Holly Goddard Jones pour nous prendre dans les filets d’une intrigue noire et captivante, grâce à un basculement inattendu. En effet, alors que nous suivons Émilie, une collégienne un peu bizarre secrètement amoureuse du beau gosse de sa classe, qui cependant la maltraite, celle-ci découvre un cadavre dont elle entreprend d’étudier l’évolution au fil des jours, sans en parler à personne. Parallèlement, Susanna Mitchell, un des professeurs d’Émilie, s’inquiète de la disparition de sa sœur Ronnie, qui oublie sa vie d’ouvrière d’usine dans des soirées trop arrosées et des aventures sans amour. A-t-elle quitté la ville en quête d’une vie meilleure, ou son attitude provocatrice a-t-elle déplu à quelqu’un ? C’est ce que Tony, l’ancienne star locale du basket devenue flic, va tenter de démêler, car, à Roma, la tranquillité des familles n’est souvent qu’apparente et la violence latente. En s’attachant à une dizaine de personnages, liés de près ou de loin à la disparition de Ronnie, Holly Goddard Jones brosse le portrait peu flatteur d’une petite ville américaine « sans histoires », installant une ambiance tendue et sombre qui nous tient jusqu’à la dernière page, dans la lignée des romans de Laura Kasischke.

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