Littérature française

Antoine Bello

Ada

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Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Vous avez envie d’un roman policier, d’une histoire d’amour, d’une réflexion sur l’art d’écrire, de la recette pour un best-seller ? Précipitez-vous sur le nouveau roman d’Antoine Bello. Ada est tout cela et bien plus encore !

Ada a disparu. Frank Logan, inspecteur un brin old school, se rend sur les lieux pour mener l’enquête. La première découverte capitale ne se fait pas attendre : Ada n’est pas humaine, il s’agit d’une intelligence artificielle destinée à écrire des romans sentimentaux à succès pour le compte d’une startup ayant le vent en poupe. Sa mission : vendre 100 000 exemplaires d’une romance formatée par les études statistiques, dont la première version est remise à l’enquêteur. Il y découvre avec effarement un mélange de clichés éculés, de romantisme naïf et – plus étonnant – de paillardise scatologique. Le soir même, Ada prend contact avec Frank pour lui expliquer qu’elle a pris la clé des champs afin de découvrir le monde, le vrai, sans les filtres imposés par ses concepteurs. Se noue alors une étrange relation entre l’enquêteur et la fugitive, le sceptique rétif aux nouvelles technologies et la machine qui sait tout sur tout, l’amoureux des haïkus et l’auteure de l’improbable Passion d’automne. Au fil des discussions sur la nature de l’amour vrai et de la littérature, le flic se laisse peu à peu gagner par le charme d’Ada, bien qu’il ne parvienne à trancher sur le fait qu’elle soit, comme elle le prétend, véritablement ou non consciente. Reste à savoir si la Silicon Valley peut tolérer la fuite d’un de ses plus brillants (et potentiellement rentables) cerveaux. Attention : si vous commencez Ada, vous ne pourrez plus le lâcher ! Facile à lire, plein d’humour et de rebondissements, le nouveau roman d’Antoine Bello, déjà auteur de la brillante trilogie des Falsificateurs (Folio), questionne les capacités – actuelles et futures – des intelligences artificielles et bouscule ce qu’est, peut et doit être la littérature. Il y a fort à parier que vous ne regarderez plus un best-seller ou même un roman de gare de la même façon après avoir refermé Ada.

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