Littérature française

Michel Quint

Apaise le temps

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Un legs, ce n’est jamais sans conséquences. Aussi, quand Abdel hérite de la librairie d’Yvonne, il devient également le dépositaire du pan d’histoire qui y est attaché.

À l’ombre de la mairie de Roubaix se trouve la petite librairie d’Yvonne Lepage. Ses parents, Georges et Julie, en avaient fait, au-delà des livres, un lieu d’entraide pour les immigrés. Dans les années 1960, après leur mort à quelques années d’intervalle, Yvonne a pris leur suite, abandonnant son métier de photographe pour faire vivre ce lieu. Sa mort soudaine bouleverse le petit cercle des familiers de la librairie, au premier rang desquels Saïd, le vieux Kabyle à qui Georges avait appris à lire, et Abdel, le jeune professeur de français qu’Yvonne a désigné comme son héritier. Bien que connaissant les difficultés financières de la librairie, Abdel ne se laisse pas d’autre choix que d’accepter. Mais en se penchant sur les photos de jeunesse d’Yvonne, c’est tout un pan d’histoire qu’il va mettre au jour, celle de la guerre d’Algérie et de ses ramifications au cœur même du Nord. De cette mémoire douloureuse, qui est aussi celle de l’histoire militante de la librairie, naîtra un projet plus grand que les mots et les images. En cent pages, Michel Quint grave avec force l’histoire de cette poignée d’hommes et de femmes qui, par choix ou par nécessité, ont traversé le destin d’une librairie pas comme les autres.

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