Littérature française

Daniel Arsand

Un certain mois d’avril à Adana

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

« Ce mois d’avril ressemblait à ceux qui l’avait précédé. On était le 5 avril de l’an 1909, et le temps des massacres et des ruines approchait. »

Le père de Daniel Arsand se nommait Hagop Arslandjian. Point de hasard, mais bien quelque chose qui relève de l’héritage pour que l’auteur de La Province des ténèbres écrive aujourd’hui sur le génocide arménien. Ou plutôt sur ce qui en fut l’une des prémices : le massacre des Arméniens de la ville d’Adana et de ses environs. Pourtant, avant même le déchaînement de la violence et des meurtres, plane sur la ville, comme sur le roman de Daniel Arsand, une atmosphère pesante où les signes de ce qui va advenir sont déjà visibles. Malgré la terreur qui grandit, les habitants refusent parfois d’abandonner leurs frêles espoirs de concorde entre les communautés arménienne et turque. Ainsi en est-il de Diran Mélikian, propriétaire terrien et poète, ou d’Atom Papazian, artisan joaillier, qui poursuivent leurs activités habituelles comme pour conjurer la haine dont ils sont l’objet en affichant plus que jamais leur inoffensive présence. Mais dans le printemps d’Adana, il suffit d’une étincelle pour que tout s’embrase. En composant ce roman et en lui offrant la poésie sensible et ardente de ses mots, il conjure le silence du passé.

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