Littérature étrangère

Stefan Brijs

Courrier des tranchées

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Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Dans Courrier des tranchées, Stefan Brijs a choisi de s’intéresser à ce qui a mené tant de jeunes hommes dans l’enfer de la guerre : le courage, le devoir et les illusions véhiculées par la propagande.

Londres, 1914. La guerre éclate. Martin et John, bien que frères de lait, ont des avis opposés sur la conduite à tenir. À 15 ans, Martin ne pense qu’à s’engager, à se confronter à ces Allemands présentés comme des monstres sanguinaires, quand bien même ceux qu’il côtoie dans le quartier ne sont que gentillesse et cordialité. Un peu plus âgé et d’un tempérament moins impétueux, John n’espère qu’une chose : pouvoir intégrer comme prévu l’université pour laquelle son père a sacrifié un des volumes de sa précieuse bibliothèque. À travers le destin de ces deux jeunes gens, c’est le rapport de la société britannique à la guerre que raconte Stefan Brijs. Son roman questionne la lâcheté et le courage sans forcément les opposer. Il questionne aussi les différentes sortes d’engagement face à un conflit, la haine de l’ennemi désigné sur le champ de bataille, mais aussi dans la société civile, la propagande belliciste à travers les courriers envoyés aux familles des soldats morts au front. C’est d’ailleurs à cause de quelques-unes de ces lettres non distribuées par son père facteur que John finit par s’engager, car l’une d’elles annonce la mort de Martin. Décidé à en garder le secret tant qu’il ne saura pas ce que cachent les mots convenus du courrier officiel, il entreprend sa propre quête de la vérité, tout en prenant part aux offensives meurtrières dans les tranchées et en étant témoin de petits moments d’humanité quand il se charge du courrier de ses compagnons d’armes. Plus qu’un énième livre sur la Première Guerre mondiale, Courrier des tranchées est un beau roman de formation au style classique et dont l’intrigue, inattendue, se noue autour d’un personnage central très attachant et de personnages secondaires qui ne le sont pas moins.

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