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Littérature française

Valentine Goby

Le Palmier

✒ Marie Michaud

(Librairie Gibert Joseph, Poitiers)

Vive a une enfance heureuse. Jusqu’au jour où il faut couper la tête du roi du jardin, un palmier centenaire. À partir de là, tout se détraque. À moins que tout n’ait commencé bien avant et que le palmier soit le nom d’autres terreurs.

Laurier, citron, eucalyptus mais aussi ravintsara ou ylang : autant de trésors odorants que son père a fait découvrir à Vive dans un rituel partagé au retour de chacun de ses voyages. Chaque flacon de ces essences est comme une pièce de puzzle dont le parfum révélerait la beauté et la richesse de la nature mais aussi le bonheur simple d’une famille. Et ces senteurs prennent vie dans le superbe jardin qui entoure la maison familiale que Vive explore et dans lequel elle fait vivre son imagination. Mais tout bascule quand il faut couper la tête du palmier infesté de larves de charançons. Ce tronc à demi-mort incarne le début d’une véritable descente aux enfers pour la petite fille de 9 ans, obsédée par ce tronc, terrifiée par une menace d’autant plus angoissante que personne d’autre qu’elle ne la perçoit. Pourtant, au milieu de ce chaos émotionnel, des éclats d’une enfance heureuse persistent, à travers notamment les feux d’artifice de son oncle adoré, les moments simples partagés avec Fouad le jardinier ou Jujube sa chienne, et les mots patiemment collectés dans son cahier, échantillons du monde aussi précieux que les essences recherchées par son père pour l’industrie du parfum. « C’est l’histoire d’un palmier qui n’est pas un palmier. […] Si ça se trouve, ce n’est même pas l’histoire d’un palmier », écrit Valentine Goby. Et si, finalement, l’histoire du tronc de palmier mort cachait (ou révélait) une forêt de souvenirs ? Le nouveau roman de Valentine Goby est luxuriant, fécond et magnifique comme le jardin dont Vive est la vigie. L’autrice construit un roman-puzzle dont les pièces semblent autant d’écrans qui font, comme ils peuvent, barrage au malheur. Son écriture riche et subtile raconte à nouveau les drames et la beauté du monde.

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