Beaux livres

John Howe

Un voyageur en Terre du Milieu

illustration

Chronique de Marie Michaud

Librairie Gibert Joseph (Poitiers)

Un voyage à travers la Terre du Milieu avec John Howe pour guide : impossible de résister ! Les centaines de croquis tirés de ses carnets regorgent de détails qui invitent à une relecture de l’œuvre de J. R. R. Tolkien.

PAGE — Illustrateur de référence de l’univers de J. R. R. Tolkien, qu’est-ce qui vous a décidé à publier aujourd’hui cet ensemble de croquis et de dessins, conçu comme un périple en Terre du Milieu ?
John Howe — L’envie de partager autre chose que les peintures qui, bien que permettant d’évoquer bien des choses, ne restituent pas le chemin parcouru. Ce livre est trois livres en un, finalement : une promenade dans le texte lui-même, un voyage en compagnie des deux trilogies et, enfin, ces deux voyages superposés sur le séjour en Nouvelle-Zélande.

P. — Comment avez-vous opéré une sélection parmi les centaines, les milliers de dessins qui dorment dans vos carnets ?
J. H. — Effectivement, il a fallu faire un tri parmi, littéralement, des milliers de dessins. J’ai une affection particulière pour le croquis qui est un dialogue à trois entre la personne qui dessine, le thème et le croquis lui-même. Pour le cinéma, le travail fait parfois l’impasse sur la mise en scène, se concentrant sur la culture : architecture, armes, armures, textiles, accessoires, etc. Il y a donc une exploration de ces cultures de la Terre du Milieu qui relève plutôt de la promenade de l’ethnologue. Mais rassurez-vous, je suis loin d’avoir épuisé mes « stocks » ; il y a de quoi faire encore facilement deux ou trois volumes.

P. — En même temps que votre Voyage en Terre du Milieu, les éditions Christian Bourgois publient Trésors de Tolkien, sélection de dessins et d’aquarelles de la main même de Tolkien, réalisés pendant les décennies de travail sur la Terre du Milieu. Vous êtes-vous beaucoup nourri de cette mise en image par Tolkien lui-même de son univers mental ?
J. H. — L’intérêt majeur des dessins et des peintures de Tolkien est qu’ils soulignent la perméabilité de la frontière entre l’écrit et l’image. L’idée créatrice, avant de se fixer en l’une ou l’autre forme, navigue quelque part entre les deux. Parfois les images génèrent des textes, parfois l’écriture profite du répit pour vagabonder en croquis. Je comprends la réticence de Tolkien par rapport à l’illustration de ses histoires. Pourtant, il a fait lui-même des dessins et des peintures qui ont un grand charme. Parfois, on devine les pensées de Tolkien plus clairement au travers de ses dessins que de ses mots. Ses histoires sont génératrices d’images, c’est un auteur visuel, malgré tout. Également, il a la sagesse de décrire peu les choses, nous offrant plutôt les sentiments et le point de vue de ses personnages par rapport aux lieux et aux événements. Lire Tolkien, c’est accepter une invitation au voyage.

 

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