Littérature française

Jean-Christophe Rufin

Les Sept Mariages d’Edgar et Ludmilla

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Chronique de Stanislas Rigot

Librairie Lamartine (Paris)

Histoire d’amour majuscule gravée au cœur du XXe siècle, Les Sept Mariages d’Edgar et Ludmilla questionne, sous ses allures d’épopée, la nature même du couple, dans un tourbillon des plus réjouissants.

1959. Edgar est un jeune homme sans le sou qui est monté faire sa vie à Paris. Avec un ami, il prend part à une expédition qui les mènent en voiture à travers l’URSS : pour le compte de Paris Match, ils doivent réaliser un reportage photographique sur le quotidien du monde soviétique. Un jour, alors qu’ils traversent un village en Ukraine, ils sont le témoin d’une scène pour le moins étrange : une jeune femme nue s’est installée dans un arbre. Elle refuse visiblement d’en descendre au grand dam de la population. Cette femme, c’est Ludmilla, et cette rencontre pour le moins improbable marque le départ d’une merveilleuse et rocambolesque histoire d’amour qui va voir ce couple s’aimer à la folie, se déchirer, se recomposer au gré des décennies et surtout de leurs destins respectifs. Car Edgar et Ludmilla vont chacun avoir une vie hors normes, ce qui sera loin de simplifier une situation de départ déjà fort complexe : Ludmilla va devenir une chanteuse mondialement connue, une diva dans toute sa splendeur ; lui deviendra un capitaine d’industrie comme on disait alors, avec tout ce que les années 1980 apportèrent de « glamour » à cette définition. Et si leur horloge interne semble parfaitement réglée sur les soubresauts de cette seconde partie du XXe siècle qu’ils vont traverser à vive allure, elles ne semblent que rarement s’accorder à celle du couple qu’ils forment. Pour nous raconter cet amour de légende, Jean-Christophe Rufin a l’excellente idée de convoquer un narrateur qui semble très bien connaître le couple mais qui racontant l’histoire de l’extérieur et a posteriori, en questionne aussi bien les vérités que les zones d’ombre, et apporte une tonalité d’une grande justesse, un supplément d’âme à ce roman drôle souvent, émouvant parfois, et finalement poignant.

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