Littérature étrangère

Uzma Aslam Khan

Seconde peau

illustration

Chronique de Sarah Gastel

Librairie Terre des livres (Lyon)

Se déroulant au cœur des montagnes du Nord du Pakistan, où les glaciers s’unissent amoureusement pour donner naissance à l’eau douce des vallées, Seconde Peau est un magnifique roman initiatique qui mêle amour et quête d’identité.

Nadir, jeune photographe pakistanais « qui passe sa vie à se cacher derrière un objectif », et la belle Farhana s’envolent pour le « Pays des Purs ». La jeune femme, d’origine pakistanaise mais élevée aux États-Unis, souhaite découvrir ce pays qu’elle ne connaît pas. À Karachi, ils découvrent une ville en quasi-état de siège, quadrillée par les convois militaires. Ils poursuivent cependant leur périple. Alors que le jeune homme s’interroge sur leur amour, la jeune femme, passionnée par les glaciers, trépigne de partir à l’assaut des hauts sommets. Irfan, ami d’école de Nadir, et Wes, chercheur et collègue de Farhana, sont aussi de la partie. Sur les pentes du Malika Parbat, la « Reine des montages », une rencontre avec une tribu de nomades, les Gujjar, va bouleverser à jamais leur existence. Habité par de nombreuses légendes, Seconde Peau est un roman passionnant sur la question des origines et de l’identité. Dans ce pays en mutation, jeune État érigé sur des terres millénaires et constitué de nombreuses populations nomades dont l’ancestrale liberté de mouvement est menacée, les deux jeunes amants éprouveront l’altérité, la peur et le désespoir. Symbole des tensions entre un mode de vie séculaire et un monde en perpétuelle accélération, entre les autochtones et les étrangers, entre l’Orient et l’Occident, la vallée de Kaghan cristallise les luttes pour le droit à la différence. Seconde Peau est aussi une magnifique ode à la nature sauvage du Pakistan, à ses verts pâturages, à ses glaciers bleus, à ses pics dépassant les 5 000 mètres et à l’antique Route de la soie. Laissez-vous emporter par la langue, belle à en pleurer, d’Uzma Aslam Khan et vous n’aurez qu’une envie : faire votre baluchon pour partir à la rencontre de ces nomades.

Les autres chroniques du libraire