Littérature française

Didier Castino

Rue Monsieur-le-Prince

Chronique de Sarah Gastel

Librairie Terre des livres (Lyon)

Auteur du remarqué Après le silence (Piccolo, Liana Levi), Prix du Premier roman 2015, qui laissait entendre la voix ouvrière, Didier Castino interroge notre mémoire commune et nos engagements.

1986. Les étudiants se révoltent contre le projet Devaquet sur la réforme des universités. Le timide Hervé, en quête de certitudes, participe aux manifestations. Sit-in enflammés, slogans rythmés, premières prises de conscience politiques. Le temps d’un hiver, sur fond de chronique sociale, c’est la course d’un jeune homme qui souhaite s’inscrire dans la marche de l’Histoire qui est racontée. Mais dans la nuit du 5 au 6 décembre, au 20 rue Monsieur-le-Prince, Malik Oussekine, après une course-poursuite, meurt sous les coups de la police. Le mouvement étudiant se termine dans la stupeur. Trente ans après les faits, Hervé revient sur ces événements qui marquèrent toute une génération. Car Rue Monsieur-le-Prince ne se circonscrit pas au seul roman de formation. Hommage aux victimes de violences policières qui restitue l’émotion collective, c’est aussi une réflexion inquiète et passionnée sur les répétitions qui font l’Histoire et sur ce qui nous unit : la montée des extrêmes et du racisme ordinaire. Didier Castino est un éveilleur de conscience qui dessille les paupières de ses lecteurs et qui montre que « le mal vient souvent de la parole avec laquelle on prend trop de liberté ». Un livre qui tombe à point nommé.

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