Littérature étrangère

David van Reybrouck

Zinc

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Chronique de Sarah Gastel

Librairie Terre des livres (Lyon)

Après Congo (Babel), brillante histoire du plus grand pays d’Afrique, et Contre les élections (Babel), charge documentée préconisant le retour du tirage au sort dans nos démocraties, l’essayiste et historien David Van Reybrouck est de retour avec deux parutions.

Il y a une chose qui frappe d’emblée chez l’auteur, c’est sa capacité à écrire des essais que l’on dévore comme des romans. Il en est ainsi pour Zinc, qui retrace le destin singulier d’un village entre la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, devenu neutre après la défaite de Napoléon pendant près d’un siècle, faute d’un accord sur le tracé des frontières. Son nom ? Moresnet neutre. L’enjeu de la discorde ? Sa mine de zinc, nouveau matériau fascinant le siècle. Mais avec la guerre de 1914-1918 et le traité de Versailles, c’en est fini de la quiétude de cet irréductible village, siège officiel du mouvement espéranto. C’est à travers l’histoire d’un homme appelé Emil Rixen, qui changea cinq fois de nationalités, que Van Reybrouck révèle ce que l’Histoire fait subir à l’homme : « Ce sont les frontières qui l’ont traversé », écrit-il. Face à la démobilisation des citoyens pour le projet européen et la montée des nationalismes, ce petit livre nous invite aussi à réfléchir sur la résurgence des frontières. Pour affronter la brutalité du monde, l’auteur s’associe à Thomas d’Ansembourg dans La Paix ça s’apprend !. Avec cet essai – qui met en lumière des initiatives inédites dont le but est de transformer la société –, les deux auteurs défendent l’idée que la paix n’est pas qu’une donnée extérieure, mais une question à traiter de l’intérieur pour chaque individu. Il s’agit « de cultiver une intériorité citoyenne » à travers une pratique personnelle « du démantèlement des systèmes de pensée et des jeux d’émotions qui sous-tendent la violence ». Des exercices tels que la Communication Non Violente ou la Pleine Conscience en sont des vecteurs. Car un « citoyen pacifié est un citoyen pacifiant ».

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