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Littérature française

Rachid Benzine

L'homme qui lisait des livres

✒ Emmanuelle George

(Librairie Gwalarn, Lannion)

Après le succès de son roman Les Silences des pères, Rachid Benzine signe une fable délicate, poétique et engagée. L’histoire d’un libraire en Palestine et, à travers ce personnage, l’histoire meurtrie d’un pays.

Julien, un jeune photographe français couvre, en Palestine, les bombardements dans la bande de Gaza. Un matin, dans une ruelle, il croise un vieil homme assis devant la porte de sa boutique pleine de livres. Alors qu’il veut le photographier, le libraire l’interpelle et lui demande d’écouter son histoire, celle de sa vie et pourquoi pas celle de tout un pays : de l’exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, des drames qui arrachent les êtres aimés. Des bonheurs aussi : des enfants qu’on voit grandir et vivre, du théâtre, de la fraternité, de l’amour. Dans ce récit ponctué par les titres des textes qui ont marqué à jamais sa vie et jalonné son existence, le vieux libraire raconte le destin d’un homme qui a décidé dans le silence de la lecture de ne pas « ajouter de malheurs au monde ». À l’instar de L’homme qui plantait des arbres de Giono auquel il fait référence dans son titre, Rachid Benzine propose avec clarté et intelligence une fable contemporaine sur le pouvoir des mots face à la barbarie. Un texte inspiré et inspirant, aux allures de conte moderne, accessible à un large lectorat, à propos des livres, de ceux qui les écrivent et les transmettent, résistants discrets et nécessaires de tous les instants. Résistants face à l’obscurantisme et la violence. Résistants pour maintenir humanisme, réflexion, dialogue, respect et empathie dans nos sociétés. Un roman qui s’inscrit dans le parcours déjà remarqué de Rachid Benzine, enseignant chercheur associé au Fonds Ricœur et dont de nombreux textes ont été plébiscités par la critique et les lecteurs. Un texte à lire et faire lire à ceux qui croient déjà au pouvoir des mots et à ceux qui peuvent le découvrir. Car il n’est jamais trop tard.

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