Littérature française

David Lopez

Vivance

illustration

Chronique de Jean-Baptiste Hamelin

Librairie Le Carnet à spirales (Charlieu)

Vivance est une errance vivante, une parenthèse à bicyclette sur les routes de France, une galerie de portraits, un regard perçant, un humour vachard, une aventure littéraire hors des sentiers battus. Vivance est un sacré roman.

Et pourtant, honnêtement, malgré le succès du premier roman de l’étonnant David Lopez, le piteux lecteur que je suis était resté sur le bas-côté de la route, un coup de pompe, une fringale. Et pourtant, Vivance m’a emporté, juché sur le porte-bagages brinquebalant de son deux-roues joliment nommé Séville. Le rythme, le phrasé, le raccourci de la pensée, l’inventivité de la langue, du vocabulaire donnent à Vivance la beauté d’un paysage littéraire et géographique qui ne s’appréhende pas seulement à pied ou en selle. Ce livre se mérite. Il faut prendre le temps d’y plonger la tête la première en acceptant tout, comme ce cycliste à la poursuite d’une hirondelle. Drôle de type notre héros ! Quoique héros ne soit pas de mise ! Drôle d’escogriffe, petit pinceau à la main, désireux de repeindre sa maison, juché sur un escabeau branlant. Et ce début de roman, ce Noël dont on ressent aussitôt le côté malsain, quelle entrée en matière : « Ah mince, j’ai tué » ! Errance vivante. Se laisser conduire le nez au vent, avancer, soi-disant à la recherche de Cassius, le chat envolé, sur les petites routes de la France rurale, traverser des villages, s’arrêter aux terrasses toujours le nez au vent et faire la nique au temps. Dormir sous la tente. S’éveiller au matin. S’éveiller simplement et totalement. Être naseaux ouverts, oreilles à l’affût, yeux perçants. Ne pas aller à la rencontre mais laisser venir à soi et partager soit une minute soit plusieurs jours d’autres vies. Ce livre est tendre. Ce livre est cruel. Une tendresse folle d’un rien ou d’un amour naissant émouvant, d’un verre de vin et d’une douche enfin, d’un regard et d’une poussée dans le dos lors d’une montée rude. Ce livre est cruel comme sait l’être la vie. Ce livre est beau.

Les autres chroniques du libraire