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Littérature étrangère

Katriona O'Sullivan

Pauvre

✒ Jean-Baptiste Hamelin

(Librairie Le Carnet à spirales, Charlieu)

Un récit personnel comme une claque, un parcours de vie comme un espoir, un témoignage à la fois volontaire et attendri d’une jeunesse bafouée. Un livre d’amour d’une femme à ses parents.

Bien sûr, longue est la liste des livres consacrés à la pauvreté enfantine, relatant les souffrances de ceux qui naissent aux lisières de la société, qui grandissent sur les bas-côtés, sans les repères qui balisent une vie. Confrontés dès le plus jeune âge à la violence et à la drogue. Dans Pauvre, récit authentique récompensé par un succès exceptionnel en Irlande, Katriona O’Sullivan nous conte sa vie, bien éloignée d’un conte de fée. Et pourtant, Katriona a grandi en Angleterre, à Birmingham, de parents irlandais qui retourneront en Irlande, toxicomanes et totalement incapables de s’occuper de leurs cinq enfants. Katriona connaît la faim, le manque d’hygiène, le froid. Elle connaît déjà l’aiguille dans la veine d’un homme évanoui, son père. Elle ressent à 6 ans le mépris de ceux qui ignorent, qui s’indignent plutôt que de comprendre, qui rejettent plutôt que d’aider. Elle subit à 7 ans l’inconcevable, devient mère à 15 ans puis sombre à son tour. Un déterminisme social, une prédisposition à la consommation de drogues semblent frapper ses parents de génération en génération. Et pourtant, ce récit parle d’amour. Celui d’une enseignante qui lui enseigne de simples gestes : se brosser les dents, se laver, s’habiller. Celui de Louise qui lui offre son amitié et la douceur réconfortante d’un bain chaud. Celui d’un père ému qui la félicite. Enfin, elle rend grâce aux programmes sociaux qui la maintiennent en vie, aux plans d’accès aux études supérieures. Katriona O’Sullivan est devenue docteure en psychologie et enseigne à l’université. En Irlande, elle présente Poor devant des salles combles de 1 200 personnes. Pauvre mérite bel et bien sa place auprès des plus grands textes sur la pauvreté.

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