Polar

Sara Gran

La Ville des brumes

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Chronique de Marie-Laure Turoche

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C’est le retour de « la plus grande détective du monde » (c’est elle-même qui le dit). Si vous ne connaissez pas Claire DeWitt et son caractère bien trempé, plongez-vous vite dans cette enquête sur fond de sexe, drogue et rock’n’roll !

Dans La Ville des morts (Points), nous faisions connaissance avec une jeune femme qui a une manière toute personnelle de résoudre des enquêtes. Claire DeWitt a décidé de devenir détective depuis qu’elle est adolescente, depuis le jour où elle a découvert le livre d’un dénommé Jacques Silette. Avec ses deux amies Tracy et Kelly, elle commence sa carrière à Brooklyn en suivant à la lettre les préceptes de cet ouvrage. Mais Tracy disparaît mystérieusement. Claire semble avoir perdu la trace de son amie à tout jamais. Nous avions quitté l’héroïne à la Nouvelle-Orléans, nous la retrouvons à San Francisco où elle doit enquêter sur la mort de Paul Casablancas, musicien et, surtout, ex-petit ami. Cette affaire prend forcément une tournure personnelle. Notre héroïne aura beaucoup de mal à faire face et sombrera peu à peu dans la cocaïne et la déprime. En parallèle, nous suivons une de ses enquêtes passées, dans le Brooklyn de sa jeunesse. Le douloureux souvenir de Tracy ne la hante plus, mais l’évocation de cette ancienne affaire apportera un nouvel éclairage sur la disparition de son amie. Ce qui fait le charme des aventures de Claire DeWitt, c’est que, contrairement au vieil adage, vie privée et vie professionnelle se mélangent constamment. Claire est une jeune femme entière et, malgré son insolence et ses réparties cinglantes, elle est très fragile. Chaque héros possède une blessure secrète. Comme l’a écrit Jacques Silette : « Le détective ne saura pas de quoi il est capable avant de se heurter à un mystère qui lui transperce le cœur. » Pour Claire, il s’agit bien évidemment de son amie Tracy. Chères lectrices de Fantômette, nous avons grandi… mais voici notre nouvelle héroïne ! Certes, elle est moins parfaite, mais après tout, nous avons nous aussi perdu de notre innocence.

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