Littérature française

Pierre Mérot

Toute la noirceur du monde

Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

Depuis Mammifères (Flammarion, 2003) qui l’a fait connaître au grand public, Pierre Mérot continue sa traversée de notre société. Ici, ça grince noir à toutes les charnières !

Jean Valmore, enseignant en arrêt maladie, suite à une altercation au lycée, traîne autant dans sa vie que dans ses amours en pointillé. Or, tout le monde sait que le désœuvrement mène rarement vers la lumière. À force de romans policiers refusés par les éditeurs, d’incompréhension de ses collègues, Valmore va glisser vers l’extrême-droite, non par conviction, simplement car : « Il est intéressant d’être du mauvais côté. Il est intéressant d’avoir tort. » Lucide sur cette société aseptisée, où la moindre aspérité dans le discours vous fait passer pour un extrémiste, quel qu’il soit, Valmore va se laisser filer jusqu’à l’absurde, jusqu’à la folie. L’engrenage dans lequel il prend plaisir à se laisser glisser, comme une vague que rien ne peut arrêter, va le mener jusqu’à l’irréparable. Toute l’agitation médiatique qui a précédé la publication de ce roman paraît vraiment vaine, car ce que Mérot dénonce, c’est justement cette propension qu’a la société actuelle à se prémunir, à lisser autant le goût des plats dans les cantines que les mots des écrivains dans les romans.

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