Littérature française

Jean-Michel Guenassia

A Dieu vat

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Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

C’est un roman qui traverse le siècle des guerres mondiales, celui de tous les possibles, celui d’un monde qui malaxe les destins de trois familles et quatre enfants. Avec la signature de Jean-Michel Guenassia, une grande aventure !

Nous sommes en 1924, Georges est un beau danseur, Irène une jeune serveuse. Arlène naîtra de leurs amours. Irène ira travailler chez les Jansen, dans la grande maison de Saint-Maur, un autre monde, celui de Madeleine, aussi celui de Jeanne, l’héritière de la Banque Schmidt, mariée avec un Virel des Champagnes du même nom. Trois familles et quatre enfants, Arlène, Daniel Jansen, Thomas et Marie Virel, et autant de hasards ou de destins qui vont s’entrechoquer, des années 1930 aux années 1970. C’est un siècle où tout est à inventer : Irène ira forcer la porte des grandes écoles fermées aux femmes, Thomas poussera son amour de la poésie et de cette femme qu’il ne sait comment aimer jusqu’à… De leurs amours contrariées, de leurs études bouleversées, de leurs amitiés détournées, l’auteur nous entraîne autant dans la farandole du siècle intime que dans les bouleversements de la grande Histoire, avec cette maestria qui n’appartient qu’à lui. Comment échapper à sa condition sociale pour Irène, comment être à la hauteur d’un destin tracé pour Daniel, comment être ce poète incompris pour Thomas, comment être une artiste pour une femme comme Marie dans ces années-là ? On comprend mieux le titre, A Dieu vat, cette expression maritime que les marins disaient quand ils changeaient de cap dans la tourmente, confiant à Dieu leurs lendemains incertains. Car ici, sous la plume vivante de Jean-Michel Guenassia, c’est tous les vents de l’histoire qui changent le destin d’une explosion nucléaire dans le désert d’Algérie, qui donnent du sens au sacrifice et à la volonté de liberté et de choix des femmes. Un magnifique roman choral et sociétal qui se lit dans un seul souffle, celui de ces destins qui iront jusqu’au bout de leurs évidences : a Dieu vat !

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