Littérature française

François Cérésa

Sugar puffs

illustration

Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

À quoi peut bien penser un bon père de famille quand il expédie son fils pour un séjour d’un an en Irlande ? Il se rejoue un film tourné trente-cinq ans plus tôt. Séquence nostalgie tendance sépia…

Jean a 15 ans quand ses parents décident de lui faire passer un an en Angleterre. Est-ce pour qu’il excelle dans la langue de Shakespeare ou parce qu’ils en ont légèrement marre de cet enfant turbulent ? Un peu des deux sans doute. Direction Penarth, Pays de Galles, banlieue aussi balnéaire que sombre de Cardiff, où Jean devient John dans la famille Montaigu. Ne le dissimulons pas davantage, tous les ingrédients du lycéen mal dans sa peau qui franchit la Manche pour s’encanailler au rythme des Stout mousseuses et des filles plus âgées, dégourdies et décomplexées sont en place. Et Cérésa ne nous ment pas. Entre Cardiff et l’île de Man, Jean met à profit son année, entouré de copains rigolos, d’une prof de français délicieusement ringarde, d’admiratrices anglaises plus ou moins bien intentionnées… Ah ! quand l’Anglaise aime le Français et que le Français tente, maladroitement, de s’imaginer plus French Lover que toute la Riviera, tout reste à imaginer… Aussi, me direz-vous, quoi de neuf de l’autre côté du Channel ? Tout simplement l’écriture de François Cérésa, véritable cherry on the cake avec juste cette petite cuillère de bon goût français, ce soupçon de dialogue un peu vert à défaut d’être vertueux, le old fashioned qui se tient si bien qu’il peut éventuellement tirer quelques larmes à ceux qui ont dépassé la quarantaine. Sugar puffs, c’est tout ce qu’on a rêvé et qui nous a échappé, et c’est aussi tout ce qu’on a fait et qui nous a glissé entre les doigts. Un bonheur au goût sucré, justement, comme ces pétales de céréales bon teint made in England qui accrochent autant les phalanges que les cerveaux maladifs, comme le mien, se disant que, quand même c’était bien ! Rappelez-vous un peu, ça colle aux doigts, c’est bon, c’est Sugar puffs, c’est Cérésa !


Les autres chroniques du libraire