Littérature étrangère

Emily St. John Mandel

Station Eleven

Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

Est-ce vraiment un roman apocalyptique qu’a voulu écrire Emily St. John Mandel ? Au fur et à mesure de la lecture, je compris qu’il n’en était rien. En déambulant avec cette roulotte de comédiens, c’est le théâtre de la vie renaissante qu’il nous est donné de contempler.

Arthur Leander, un acteur célèbre meurt sur scène en interprétant Le Roi Lear. Dans cette salle de Toronto, un homme tente un massage cardiaque. Une jeune fille assiste à la première mort de sa vie. Dans la ville, un virus de grippe foudroie la population. Des hommes se terrent. La nature se venge de l’espèce humaine. L’apocalypse est en marche. Quinze ans plus tard, alors que 99% de l’humanité a disparu, nous suivons un théâtre ambulant qui joue du Shakespeare le long des routes, au gré des petits groupes de survivants qu’il rencontre. L’ex-femme d’Arthur, Miranda, écrit une bande dessinée nommée Station Eleven. Comme des poupées gigognes qui se répondent les unes aux autres, les chapitres tissent un lien étrange entre ceux qui ont survécu. On navigue dans ce monde où les codes sont brouillés, où ceux qui ont connu la réalité d’avant en parlent à ceux qui n’ont connu que celle d’après. Tous convergent vers un même point, l’aéroport de Severn City, là où subsisterait une certaine forme d’humanité, quête d’un nouvel Eldorado, d’un éventuel paradis. Que reste-t-il quand tout meurt ? Un nouveau Roi Lear ? Qui sait ?

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