Littérature française

Jacques Chessex

Hosanna

Chronique de Jean-François Delapré

Librairie Saint-Christophe (Lesneven)

C’est un étrange cadeau que nous livre Jacques Chessex avec cet ouvrage posthume, celui d’un homme qui se retourne sur sa vie, sur la mort comme un présage, sur Blandine au goût de miel.

Alors qu’il assiste à l’enterrement de son voisin dans cette petite église au-dessus de Berne, le narrateur (toute ressemblance avec Chessex n’est évidemment et absolument pas fortuite !) se laisse aller à l’émotion qui l’étreint en voyant l’inscription « Soli Deo Gloria » et en écoutant les cantiques qui résonnent en allemand et en français. Alors que l’office se déroule, un visage se détache, le visage d’un mort, d’un jeune homme qui s’est jeté d’un pont il y a longtemps. Dans ce court roman, Chessex réussit, avec sa prose magnifiquement fluide, à incarner toute la panoplie des sentiments humains. Moments mystiques et païens se confondent pour nous donner à voir ce qui pourrait paraître comme annonciateur de sa propre mort. À fréquenter les cimetières, on y croise des fous hurlants, des hommes qui aiment les hommes, une fille qui se drogue, mais aussi la respiration de Blandine qui le comble de regret et de joie. « Pourquoi de regret ? Parce que je suis vieux. Et que je mourrai avant elle. Pourquoi de joie ? Parce que je suis vieux et que je mourrai avant elle. » C’est tout Chessex. Et c’est pourquoi il est grand !

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