Littérature française

Philippe Jaenada

Sulak

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photo libraire

Chronique de Marc Rauscher

Librairie Majuscule-Birmann (Thonon-les-Bains)

Le septième roman de Philippe Jaenada se présente comme la biographie romancée d’un célèbre gangster des années 1980, Bruno Sulak, braqueur plein de panache qui aurait pu devenir « le meilleur flic de France »… si les circonstances avaient été différentes.

Le destin de Bruno aurait été différent s’il n’avait été chassé de l’armée, où il venait enfin de trouver la discipline qui lui avait jusqu’alors manqué, en raison des délits commis durant son adolescence. Il s’oriente alors vers la Légion, mais là encore la malchance le rattrape car, tandis qu’il fait le mur et rend visite à sa famille, ses frères d’armes sont mobilisés pour intervenir au Zaïre. Il est déclaré déserteur. Dès lors en cavale, il se lance dans le braquage de supermarchés, autant par besoin d’argent frais que par goût du risque. Ses plans de plus en plus audacieux et se déroulant toujours sans violence lui permettent de se forger une réputation dans le monde du grand banditisme et de rencontrer ceux qui seront ses complices, Drago, figure du milieu yougoslave, et surtout la belle Thalie. Avec eux, il se lance dans le cambriolage de bijouteries de luxe, ne dérogeant jamais à son habitude de se comporter en gentleman et dépensant en frivolité les fortunes dont il s’empare. Épris de liberté, Bruno Sulak n’aura jamais de sang sur les mains et refusera toujours de dénoncer ses complices lors de son arrestation. Malheureusement pour lui, sa tentative d’évasion de la prison de Fleury-Mérogis se soldera par son décès dans des circonstances troubles et restées inexpliquées jusqu’à aujourd’hui. Il fallait tout le talent et l’humour de Philippe Jaenada pour dresser le portrait d’une époque où les voyous frayaient avec les gens du show-business et avaient le sens de l’honneur. Avec une tendresse contagieuse pour ses personnages, multipliant parenthèses et digressions, l’auteur se prend à imaginer ce qu’aurait pu être la vie de Bruno Sulak si elle avait suivi d’autres rails. Du fond de sa cellule, Bruno se rêvait parfois écrivain : ce roman biographique… il aurait pu l’écrire.
 

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