Essais

Valérie Chansigaud

Les Combats pour la nature

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Chronique de Marianne Kmiecik

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« L’écologie est un peu comme le sexe – chaque génération aime à penser qu’elle est la première à la découvrir. » Cette phrase de Michael Allaby, parue dans The Times du 6 octobre 1989, est citée par Valérie Chansigaud au début des Combats pour la nature. Elle est une entrée en matière idéale.

Les éditions Buchet Chastel font paraître en cette rentrée l’essai de l’historienne des sciences et de l’environnement Valérie Chansigaud, Les Combats pour la nature, dans leur collection sur l’écologie, « La verte ». Spécialiste des relations entre l’être humain et la nature, l’auteure se penche ici sur l’histoire de l’écologie et en particulier sur les mouvements en sa faveur. Elle évoque ainsi différents courants de pensée ainsi que les auteurs et intellectuels qui les ont développées. Des théories de Malthus sur la population et les ressources naturelles, jusqu’à la critique de la consommation développée par Thorstein Veblen et Edmond Goblot, en passant par le mouvement des Lumières, l’historienne montre que s’interroger sur l’écologie amène immanquablement à se questionner sur notre système politique, l’organisation de notre société, l’économie ou encore sur les changements de nos modes de vie. Le combat de l’association TAKH fait quant à lui l’objet d’un magnifique beau-livre de Sally Zalewski, avec la participation de C. Feh et de F. Joly. Le Cheval de Przewalski (Buchet Chastel), superbement illustré par les naturalistes et photographes J. F. Hellio et N. Van Ingen, revient ainsi sur le projet de réintroduction dans son milieu naturel de ce cheval de Przewalski, unique « cheval sauvage » au monde ! Richement documenté, ce bel album documentaire nous raconte l’histoire des équidés, la découverte de cette race si particulière de la steppe asiatique, les chasses et captures dont elle a fait l’objet, entraînant sa disparition de son milieu naturel, mais aussi sa sauvegarde dans des zoos du monde entier. L’ouvrage revient également sur les étapes du projet de réintroduction, lancé dans les années 1990, que l’on peut aujourd’hui qualifier de réussite. Georges Feterman, professeur agrégé de sciences naturelles et président de l’association A.R.B.R.E.S., et Marc Giraud, naturaliste, journaliste, conférencier, nous proposent, dans Des kangourous dans mon jardin, une vision profondément optimiste de la nature et des changements qui s’y opèrent ! Grâce à de nombreux exemples – mollusques, cigognes, bouses, scarabées, déplacements de forêts, moustiques – ils prouvent que la nature change, évolue, s’adapte. Même si certains impacts sont irréversibles et entraînent la disparition d’espèces, ils expliquent qu’on peut voir la faune et la flore se régénérer en de nombreux lieux, si tant est qu’on leur en laisse la place : il n’est donc peut-être pas trop tard pour agir.

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