Littérature française

Antoinette Rychner

Après le monde

illustration

Chronique de Marianne Kmiecik

()

Roman de l’effondrement et du renouveau, Après le monde est un texte percutant, à la fois sensible et violent, qui laisse plus que songeur : et nous, que ferions-nous si ça arrivait ? Incontournable !

Profondément marquée par la lecture de Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Seuil, 2015) – elle parle elle-même de « claque » et de « deuil » –, Antoinette Rychner a ressenti le besoin de s’emparer du sujet du « collapse », de réagir par les moyens qu’elle connaissait, c’est-à-dire l’écriture. Auteure suisse de pièces de théâtre et d’un premier roman, elle renoue avec la forme romanesque pour transformer une matière brute, scientifique et en tirer un réel texte littéraire, particulièrement bien construit à l’écriture ciselée, resserrée et poignante. En 2049, il ne reste plus grand-chose de la société telle que nous la connaissons. L’effondrement de 2023 a tout ravagé : un cyclone détruit la côte Ouest des États-Unis, le système financier américain fait faillite, entraînant dans sa chute le reste du monde, il n’y a plus de sources d’énergie, plus de communications, les catastrophes climatiques et les épidémies s’enchaînent. Dans ce contexte qui relève davantage de l’anticipation que de la science-fiction, nous rencontrons Barbara et Delphine, deux amies qui tentent de conserver une trace des événements, une mémoire d’abord écrite sur des feuillets, puis scandée, racontée, « un chant pour se souvenir ». Elles ont perdu beaucoup et cherchent un endroit pour s’établir et « redémarrer ». Les personnages féminins qu’elles croisent sont nombreux et, bientôt, se sont ces femmes qui racontent leur existence. Mais comment reconstruire ? Comment vivre de nouveau ensemble quand la violence et la bêtise humaine s’infiltrent partout ? Il est question d’entraide, d’agriculture, d’organisation sociale, de médecine, de justice, de politique et surtout de ces récits qui nous aident à survivre et qui nous survivent, pour les générations futures.

Les autres chroniques du libraire