Essais

Arash Derambarsh

Manifeste contre le gaspillage

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Chronique de Marianne Kmiecik

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Lancé en premier lieu par Pierre Rabhi, le mouvement de « sobriété heureuse » a depuis été relayé par de nombreux auteurs, journalistes et intellectuels. Mais ce mouvement est avant tout une philosophie de vie, accessible à tous, qui témoigne d’une volonté de changer les choses.

Pierre Rabhi, d’origine saharienne, orphelin de mère à l’âge de 4 ans, fut confié par son père à un couple de Français d’Algérie. Quand il débarque en région parisienne dans les années 1950 pour travailler en tant qu’ouvrier spécialisé, il prend rapidement conscience de l’aliénation inhérente à la société de consommation. Il s’engage alors dans la voie de la sobriété heureuse en s’installant dans une ferme des Cévennes. En témoignant dans son livre Vers la sobriété heureuse, il revient sur son parcours, ses réflexions et son engagement. Pour lui, la modération en toute chose, et surtout en ce qui concerne la consommation, est aujourd’hui une nécessité incontournable. Il démontre que le concept de croissance économique constante est une aberration quand on sait que les ressources de la planète ne sont pas illimitées. Pour lui, la sobriété est un acte politique, un acte de résistance ! Le nouveau texte de Jean-Marie Pelt, publié par les éditions Fayard, Les Voies du bonheur, entre parfaitement en résonance avec l’œuvre de Pierre Rabhi. Il explique que dans le contexte actuel de crise, nous devons absolument nous adapter, nous mettre à l’écoute de la sagesse ancestrale. L’accélération de l’Histoire, l’augmentation exponentielle de la population et la hausse de la violence sont autant de raisons de ralentir le rythme. La course aux nouvelles technologies et cette volonté d’avoir toujours tout, toujours plus vite, créent une dépendance aliénante. Parsemé de textes d’Indiens d’Amérique, de guides spirituels ou de sages hindous, Les Voies du bonheur est un texte qui nous incite à réfléchir sur nos vies et à changer nos comportements ; il est temps de protéger la nature au lieu de la détruire, de préserver la biodiversité, de s’inscrire dans le mouvement de sobriété, plutôt que dans la course à la consommation et de lutter contre le gaspillage. Arash Derambarsh s’est d’ailleurs penché sur cette question dans son Manifeste contre le gaspillage. Après être revenu sur le contexte actuel de surconsommation et sur le problème de l’augmentation des déchets, Arash Derambarsh développe l’idée que le gaspillage est un problème que l’on pourrait facilement résoudre. L’idée est simple : redistribuer la nourriture gâchée quotidiennement par les grandes surfaces. L’auteur raconte son combat pour faire plier les géants de la distribution et récupérer les denrées invendues afin de les redistribuer immédiatement à ceux qui en ont besoin. Ce manifeste donne les clefs pour responsabiliser les individus et comprendre le chemin à parcourir pour faire de cette idée la réalité. Il nous éclaire sur les dates limites de consommation et autres DLUO (date limite d’utilisation optimale), permet aux consommateurs que nous sommes d’adopter des comportements de consommation plus sains et donne des trucs et astuces pour limiter le gaspillage au quotidien. Accessibles et richement documentés, ces trois ouvrages donnent des clefs essentielles pour qui veut s’engager sur la voie de la sobriété heureuse.

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