Littérature étrangère

Manuel de la Escalera

Mourir après le jour des Rois

Chronique de Marie Hirigoyen

Librairie Hirigoyen (Bayonne)

Un témoignage rare sur les prisons franquistes, un récit impressionnant par l’absence de toute haine et par la dignité de ces hommes broyés.

« J’aurais donné n’importe quoi pour hâter le lever du soleil, pour contempler de nouveau la lumière du jour. Le don de ceux qui vivent. » Manuel de la Escalera, écrivain, sculpteur, traducteur et cinéaste espagnol né au Mexique en 1895, raconte ainsi l’attente insoutenable de ceux qui sont dans le couloir de la mort. Officier dans l’armée républicaine, il est tombé lors de la chute des Asturies en 1937 et restera dans les prisons franquistes jusqu’en 1962. Condamné à mort avant que sa peine soit commuée, il écrit Mourir après le jour des rois clandestinement entre décembre 1944 et janvier 1945, courte trêve des exécutions. Ces pages sont suivies de six textes poignants sur le quotidien des prisonniers. Ils disent les nuits où tous redoutent la « levée », la liste des noms de ceux qu’ils ne reverront plus, les cris de défis lorsqu’ils sont emmenés, la faim, le sadisme des gardes, la torture, mais aussi la force trouvée pour une évasion qui tourne court, la vie revenue lors de la visite des enfants, la lumière qui transfigure tout quand on tombe, incroyable, sur un livre de poésie. L’ennemi, c’est avant tout la durée : « le temps se dilate jusqu’à sembler infini et ressemble fort à l’éternité ». Manuel de la Escalera est mort en 1994 à Santander.

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