Littérature française

Tatiana de Rosnay

Les Fleurs de l'ombre

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Chronique de Nathalie Iris

Librairie Mots en marge (La Garenne-Colombes)

Tatiana de Rosnay au meilleur de sa forme romanesque avec ce livre brillant sur la création, le poids des choses tues et le monde en devenir.

Une chose est sûre : avec les livres de Tatiana de Rosnay, le lecteur n’est jamais déçu. Cette auteure a le double talent d’imaginer des histoires et de les placer dans le monde réel, de sorte que l’on se sent toujours concerné et que les pages se tournent sans même que l’on s’en aperçoive. C’est une fois de plus le cas avec Les Fleurs de l’ombre. En deux mots, nous sommes en 2034. Imaginez Clarissa, écrivain dans la cinquantaine dont la vie se trouve bouleversée par la séparation d’avec son compagnon. Par un concours de circonstances, elle se retrouve dans une résidence d’un genre bien particulier : des appartements ultramodernes avec, à sa disposition, une assistante virtuelle à qui elle peut donner tous les ordres qu’elle souhaite. Cette résidence est « gérée » par le groupe CASA, lequel lui a demandé de tester ce nouveau mode d’habitation. Lorsqu’elle emménage, Clarissa est désorientée – on le serait à moins – mais fait au mieux pour s’habituer à cette assistante virtuelle qu’elle a prénommée Mrs Dalloway, clin d’œil évident à Virginia Woolf. Clarissa se trouve à la fois plongée dans le futur à travers cette expérience de vie et constamment ramenée à son passé et son existence présente. Car sa fille, sa petite-fille, son ex-compagnon, eux, sont des personnages bien réels. Et puis, Clarissa a un passé qui peu à peu va remonter à la surface. Le mystère plane, comme dans tous les romans de Tatiana de Rosnay. Clarissa se sent observée, prise au piège, enfermée. La solution ne consisterait-elle pas à trouver refuge dans sa propre géographie intérieure ? Il ne faut pas hésiter à se plonger dans ce roman aussi dérangeant que réussi, que l’on pourrait qualifier de dystopie mais qui n’en est peut-être pas une, finalement.

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