Littérature étrangère

Scott O'Connor

Ce que porte la nuit

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Chronique de Nathalie Iris

Librairie Mots en marge (La Garenne-Colombes)

Scott O’Connor écrit un roman d’amour filial qui se déroule dans l’Amérique profonde. Porté par un suspense insoutenable, Ce que porte la nuit ne laissera pas le lecteur indifférent. La nuit serait-elle plus belle que le jour ?

Ce roman émouvant traite d’un sujet difficile : la disparition d’une jeune femme, Lucy, vécue à travers les yeux de son jeune fils de 11 ans, qui habite désormais seul avec son père. Lucy reviendra-t-elle ? C’est la question que se pose le lecteur dès les premières pages et tout au long du livre. Car la disparition soudaine de Lucy dans cette petite ville des États-Unis est loin d’être claire : David, son mari, a été appelé parce que sa femme institutrice avait eu un malaise alors qu’elle faisait la classe à ses élèves. Mais son fils, dit « Le Kid », conteste cette version. Pour lui, sa mère a disparu pour d’obscures raisons qu’il tente d’élucider. En attendant, Le Kid fait un pacte avec lui-même et décide de ne plus dire un mot tant que sa mère ne sera pas revenue. Dès lors, Le Kid ne s’exprime plus que par écrit sur des cahiers dont il tend les feuilles à ses interlocuteurs quand il veut leur signifier quelque chose. Évidemment, cette manière de procéder déclenche des réactions, notamment auprès de ses camarades d’école dont il devient en silence le souffre-douleur. Pendant ce temps, David, dont le métier consiste à nettoyer des appartements après des scènes de crime ou de suicide, et souvent à aider les proches à surmonter l’horreur, tente de faire le deuil de son propre amour disparu. Il doit aussi veiller sur son fils, le protéger, l’aimer et le faire grandir.

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. L’écrivain américain Scott O’Connor, qui signe là son premier roman, dépeint avec une infinie délicatesse les sentiments que l’on peut éprouver à la suite d’un choc émotionnel terrible. Comment faire face à sa propre douleur et à celle de son enfant. Les nombreux flash-back qui égrènent le roman sont extrêmement émouvants et très drôles. Par exemple, les passages dans lesquels Le Kid se souvient des imitations qu’il faisait avec sa mère d’un présentateur radio en reportage, sont croustillants de plaisir. Un roman enthousiasmant de brio.

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