Littérature française

Jean-Christophe Rufin

Le Collier rouge

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Chronique de Nathalie Iris

Librairie Mots en marge (La Garenne-Colombes)

Un collier rouge pour le chien Guillaume, ou comment un animal peut changer votre vie, en temps de guerre comme en période de paix.

Jean-Christophe Rufin est un écrivain solide, mais ce qui fascine toujours chez lui, c’est que, quel que soit le sujet dont il s’empare, sa plume si habile parvient à le transformer en un roman chaque fois passionnant. Le Collier rouge en est une nouvelle démonstration. L’intrigue prend pour cadre les mois qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale. Morlac aurait pu rester l’homme ordinaire qu’il était. Mais il a connu le front, il a vu et vécu les pires horreurs, puis il en est revenu… En est-il vraiment revenu ? Pendant cette terrible période de son existence, un chien baptisé Guillaume l’a adopté. La guerre, Guillaume y a également participé, à sa manière… Et c’est pour lui rendre hommage que Morlac décide, lors d’un défilé militaire, de faire porter à son chien sa médaille de guerre. Insigne outrage, s’insurgent les autorités militaires qui jettent Morlac en prison. Le juge Lantier lui rend visite afin de déterminer les circonstances qui l’ont conduit à accorder de telles attentions à un animal. Pendant qu’il l’interroge, le chien Guillaume attend devant la prison. Au lecteur de lire la suite, d’avancer dans l’enquête, de découvrir les autres protagonistes de l’histoire, dont une femme, qui attend et espère. Le Collier rouge est un récit sur la guerre, bien sûr, mais l’auteur s’intéresse aussi à des lendemains qui ne chantent pas forcément. Surtout, il interroge les comportements humains, les rapports que chacun entretient avec la morale, la dignité, le sens de l’honneur et de l’amitié. Qu’est-ce qui fait courir les hommes et les femmes ? Quelle est l’importance du regard d’autrui ? Que connaît-on des blessures du cœur ? Quels sont les mécanismes de la rancœur et de l’orgueil ? Comment décide-t-on de trahir ? Un magnifique hommage aux animaux qui, eux aussi, parfois, ont contribué à leur mesure à l’effort de guerre.

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