Littérature française

Régis de Sá Moreira

Comme dans un film

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Chronique de Nathalie Iris

Librairie Mots en marge (La Garenne-Colombes)

Si vous aimez le cinéma, que vous voulez lire des histoires d’amour sans eau de rose, que vous avez un grand sens de l’humour et que vous recherchez un roman original et captivant, ce livre vous plaira.

Encore une histoire d’amour ? Ah non, ça suffit les histoires d’amour, c’est d’une banalité ! Vous croyez ? Détrompez-vous, les histoires d’amour, sous la plume de Régis de Sá Moreira, sont un régal. Effectivement, l’histoire est on ne peut plus banale : un jeune homme repère une jeune femme dans la rue, il la trouve plutôt jolie, l’air sympathique. Il l’aborde, elle se laisse faire, ils tombent bien évidemment amoureux. Que va-t-il se passer ensuite ? Rien de bien extraordinaire. Une fois le coup de foudre passé, il faut bien vivre, comme on dit. Le jeune homme et la jeune fille s’installent ensemble, et là, c’est beaucoup plus difficile. On suit ce couple pendant plusieurs années et on voit évoluer leur relation au fil des ans. Ils s’aiment, se détestent, se quittent, se réconcilient, recommencent à vivre ensemble, etc. L’auteur vous avait prévenu, c’est comme au cinéma. D’autant que le cinéma est très présent dans leur relation, car c’est dans les salles obscures qu’ils se retrouvent, au moins une fois par an. Sauf que c’est mieux qu’au cinéma, parce que Régis de Sá Moreira possède beaucoup de talent, de la malice et une grande force poétique. Sans oublier une forte dose de fraîcheur. Pour un peu, on se croirait au théâtre, parce que le récit est entièrement dialogué, du début à la fin. Si vous ne connaissez pas la plume de Régis de Sá Moreira, c’est le moment de la découvrir, car peu d’auteurs se montrent aussi originaux. Il faut une certaine audace pour entreprendre un récit entier sous cette forme, il faut « tenir la route », comme l’on dit, et une virtuosité certaine pour réussir à construire une narration aussi aboutie. Un roman qui peut s’apprécier à tout âge, pas si léger qu’il pourrait en avoir l’air… et pourtant, il se dévore comme la passion.

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