Littérature étrangère

J.W. Ironmonger

Sans oublier la baleine

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photo libraire

Chronique de Coline Hugel

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Saint-Piran, petit village de carte postale… Encore faudrait-il qu’un photographe trouve la route qui y mène et ne se décourage pas devant les derniers miles d’étroits lacets à parcourir avant d’y arriver. Saint-Piran, le bout du monde !

Tout est calme et parfait dans le joli petit village de Saint-Piran, en Cornouailles. La vie semble écrite à l’avance, tout se déroule comme prévu, rien d’étonnant à l’horizon. Jusqu’au jour où la jeune Charity Cloke, en promenade sur la plage avec son chien, y découvre le corps d’un homme, nu (et sacrément bien… hum… pourvu !) Alertée par un autre promeneur au cri de « Hé ! Je crois que j’ai vu une baleine ! », elle n’a d’yeux que pour la blancheur de cet homme qu’elle croit au départ mort. Affolement général de tous ceux qui profitent à ce moment-là de la douceur de l’air marin. Qui est-il ? Est-il mort ? Que fait-il là ? Faut-il lui faire du bouche-à-bouche ? Mais surtout, avez-vous vu la baleine ? La BALEINE ? Avec beaucoup d’humour et d’intelligence, John Ironmonger s’amuse à introduire, non pas un, mais deux éléments perturbateurs dans le fonctionnement bien huilé d’un parfait village anglais. L’homme retrouvé sur la plage vient de la City londonienne, son petit monde n’est fait que d’argent, de prévisions, de gains, d’actions… bref, de fric. Son intrusion dans un univers essentiellement composé de pêche, de balades sur la plage, de commérages amicaux, fait l’effet d’une bombe. Surtout qu’elle précède une série d’événements dont le retentissement dépassera largement le simple cadre du village. On rit beaucoup à la lecture de ce roman de John Ironmonger, homme au parcours de vie totalement rocambolesque. On rit beaucoup, mais on réfléchit aussi. De quoi est faite notre vie ? Pourquoi la mène-t-on de telle ou telle manière ? Est-ce qu’il vaut mieux sauver sa peau ou celle des autres ? Ne passez pas à côté de cette nouvelle voix anglaise à découvrir sans plus tarder. Et au fait, la baleine, vous l’avez vue ?

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