Littérature française

René Frégni

Sous la ville rouge

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photo libraire

Chronique de Coline Hugel

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Les livres de René Frégni se nourrissent de son expérience personnelle et parlent d’écriture, d’amour, de prison, de vie et d’amitié. Ce dernier texte ne déroge pas à la règle et suit les traces d’un écrivain qui peine à se faire reconnaître. Jusqu’à ce que...

Cher René Frégni, Les heureux hasards de la vie m’ont fait mettre la main sur votre dernier livre, La Fiancée des corbeaux (Folio), que j’ai dévoré en prenant conscience de rencontrer un écrivain extraordinaire d’humanité et de générosité. Comment ai-je pu passer à coté de vos livres sans les remarquer plus tôt ? Pourquoi personne ne m’a tendu Elle danse dans le noir (Folio) en me disant : « Tu n’en ressortiras pas indemne ! C’est absolument bouleversant ! » ? Pourquoi ceux qui ont lu Tu tomberas avec la nuit (Folio) ne m’ont pas dit : « Ce bouquin est fait pour toi ! Tu vas adorer ! ». Mon retard est maintenant rattrapé et j’arpente au gré de vos écrits les différents événements de votre vie, votre désertion de l’armée et vos années d’errance, votre expérience de la prison, vos passions amoureuses, vos moments de colère contre les injustices, votre travail d’animateur d’ateliers d’écriture aux Baumettes. Chaque instant passé en votre compagnie me fait ressentir le pouvoir des mots et de l’écriture. Avec votre nouveau roman, j’ai découvert la difficulté de l’écriture et la frustration de ne pas être reconnu comme écrivain. Charlie Hasard écrit depuis dix ans. « Dix ans de mots sur le mur d’une vieille cuisine, dans une ruelle en pente de Marseille usée par le soleil, le vent et le pas fatigué des gens qui ramènent des cabas de légumes et de fromages du marché de la Plaine ou de Noailles. » Dix années aussi de refus de la part des éditeurs. Habité par son écriture et sûr de son bon droit, Charlie Hasard ira jusqu’au bout pour arriver à ses fins… Une fois de plus, votre plume a touché dans le mille. Charlie Hasard c’est un peu vous, mais c’est aussi un peu nous tous, c’est notre colère quand on se retrouve face à des moments d’injustice, c’est notre désarroi quand on se heurte à un mur. Vos mots nous font du bien. Pour ça, et pour le reste, merci.

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