Jeunesse

Florence Médina

Direct du cœur

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Chronique de Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

Se confronter à la différence est enrichissant. Florence Médina nous invite à le faire dans Direct du cœur grâce à Tim, son jeune héros qui fait la sourde oreille au monde qui l’entoure. Pourtant, il va bien falloir qu’il se mette à mieux l’écouter.

Timothée est un adolescent désinvolte, spontané et maladroit. Il est aussi un peu fainéant et, de fait, pour gagner des points au bac, sa mère l’a forcé à s’inscrire à un cours optionnel. Quelle matière ? LSF. Tim détonne dans le groupe d’élèves pour la plupart très motivés. Au final, il trouve que la prof, elle-même sourde, est plutôt captivante alors il se laisse prendre au jeu. Pas très sérieusement jusqu’à sa rencontre tempétueuse avec une jeune fille sourde : la Violette Infernale. Quelques heures passées avec elle, sans même connaître son nom, vont suffire à lui retourner la tête et le cœur. Timothée s’investit alors vraiment dans ce qu’il ne considère plus comme une simple option. Il découvre un monde qui l’attire mais dans lequel il est difficile de rentrer. Il est loin de s’imaginer les rapports complexes qu’entretiennent sourds et entendants. Le choc va être rude. Florence Médina est interprète Français/LSF. Cela se sent à la lecture de son texte dont l’écriture est virevoltante, énergique et imagée, comme la langue des signes. Sans tabou, avec lucidité et franchise (cette « franchise des sourds » dont Timothée fait l’expérience à bien des reprises), l’auteur parle de la place des sourds aujourd’hui mais aussi dans l’Histoire, de la haine que certains nourrissent envers les entendants, de l’implant cochléaire et de bien d’autres choses dont nous, entendants, n’avons pas conscience. Direct du cœur, c’est aussi l’histoire touchante de Timothée qui doit gérer le retour dans sa vie d’un père jusqu’ici absent et dont il se passait très bien. Florence Médina nous permet avec ce premier roman bouleversant d’entendre un peu mieux le monde de ceux qui n’entendent pas.

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