Jeunesse Dès 14 ans

Lily-Belle de Chollet

La Mélancolie des sauterelles

✒ Céline Bouju

(Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin, La Chapelle-Saint-Aubin)

L’été est un moment à part où tout devient possible. Le meilleur, parfois le pire. Pour Arthur, celui de ses 14 ans a été marqué par un drame. Six ans plus tard, le jeune homme n’a pas réussi à surmonter l’épreuve qui continue de le hanter. Mais aujourd’hui, peut-être, est-il prêt à le faire ?

 

Après Le Bleu des souvenirs d’été, Lily-Belle de Chollet nous plonge une fois encore dans la chaleur estivale avec ce nouveau roman chargé de beaucoup d'émotions. Dès les premières pages, la détresse palpable du héros, Arthur, happe le lecteur et ne le lâche pas. Le jeune homme porte un mal-être profond nourri par une lourde culpabilité et cela depuis des années. Six années exactement. La blessure ne cicatrise pas, instillant lentement son poison. Pourtant, alors qu’il devait rejoindre des amis, notamment la bienveillante et fidèle Perrine, Arthur a pris une autre route, celle de sa maison d’enfance. Une fois sur place, les souvenirs et les sentiments refont surface avec force et violence. Alors Arthur prend un cahier et se met à écrire. Il remonte le temps pour raconter ce fameux été, celui de l’invasion des sauterelles mais aussi de l’arrivée de la famille Claroux dans la maison voisine à la sienne. D’emblée, en un chapitre, Lily-Belle de Chollet parvient à poser son intrigue et faire naître une grande proximité avec ce héros qui, petit à petit, va nous livrer sa douloureuse et touchante confession. En effet, ce récit sensible semble toujours sur le fil, oscillant entre joie et peine, insouciance et angoisse, ombre et lumière. Même si l'imminence du point de rupture laisse planer une tension qui devient de plus en plus insoutenable. En attendant, on apprend à connaître ce héros cassé dont la vie est mise sur pause. Pourtant, cet été-là, il avait entrevu autre chose que ce quotidien rural pesant auprès de parents distants, enfermés dans la routine. Le tourbillon de vie soufflé par la famille Claroux avait tout chamboulé, ouvrant de nouvelles perspectives pour Arthur. À l’arrivée des enfants, Gaspard, Apolline mais surtout Coralie et Emma, le jeune garçon avait alors vécu des journées formidables où tout semblait couler de source. Pour lui, réservé et solitaire, cela ressemblait à un rêve. Tout aurait pu être si parfait. Et puis, la vie en avait décidé autrement, laissant Arthur avec l'idée qu'il était seul responsable du pire. Le roman s’appuie sur ce décalage entre les jours heureux relatés par Arthur et sa profonde tristesse d’aujourd’hui. En alternant les deux temporalités, le récit nous emprisonne dans un véritable ascenseur émotionnel. Et c’est sûrement pour cela que ce texte, poétique et mélancolique, comme son très joli titre, est aussi efficace et qu’on le referme le cœur serré et les larmes aux yeux.

Les autres chroniques du libraire