Jeunesse

Jo Witek

Ma vie en chantier

illustration

Chronique de Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

La vie d’un enfant est jalonnée d’étapes, petites et grandes. Il y en a une qui a son importance : commencer à lire seul. Pour franchir ce cap sans stress et avec plaisir, deux nouvelles collections, « Lecture solo » et « Le Grand Bain », proposent des textes accessibles et intelligents à tenter dès 7 ans.

Si les deux collections paraissent chez des éditeurs distincts, Actes Sud Junior pour « Lecture solo » et Seuil Jeunesse pour « Le grand bain », on notera des points communs, révélateurs des appuis nécessaires pour que le passage dans « la cour des grands » se fasse dans les meilleures conditions. Pour chacun des titres, des illustrations viennent soutenir et dynamiser le récit, ménageant aussi des pauses, toujours bienvenues quand on se lance. Walter Glassof, Amandine Laprun ou Simon Bailly, chez Actes Sud Junior, et Gaëtan Dorémus ou Pierre-Emmanuel Lyet, au Seuil Jeunesse, donnent vie aux personnages de ces histoires imaginées par des plumes toutes différentes. Amusants, rassurants, les dessins se font plus discrets que dans les albums, laissant la place au texte aéré et adapté.
Ce qui est remarquable surtout, c’est qu’il y a une véritable volonté de proposer des récits à hauteur d’enfant. L’imagination et la curiosité sont stimulées au travers d'histoires qui abordent des sujets ancrés dans le quotidien et des problématiques concrètes, avec un grain de folie. Chez les deux éditeurs, le message est clair : lire seul n’empêche pas de réfléchir ! De fait, des thèmes forts sont développés, comme dans Quand les escargots vont au ciel de Delphine Vallette, où la mort, la religion et l’amour sont traités avec humour et pertinence. L’absurde s’invite dans Lou a oublié sa tête, de Denis Baronnet°: la tête sans corps de l’héroïne va vivre un périple incroyable, s’interrogeant sur la séparation de ses parents et le sort des migrants.
Dans Paul dans la tempête, de Véronique Bizot, c’est la grande aventure en pleine mer sur fond de rébellion enfantine. Même mon prénom est une chanson, de Thomas Scotto, aborde en musique la difficulté d’assumer le métier de ses parents. Ma copine Maryline de Pascal Ruter, tout comme Ma vie en chantier de Jo Witek abordent la question du déménagement d’un point de vue différent : quand quitter une amie chère est difficile ou quand changer de maison après avoir eu une petite sœur, c’est accepter de ne plus être le centre de l’attention parentale. Pour chaque titre, les mots sont justes, les thèmes font mouche et la forme est adaptée aux contraintes de ce grand plongeon dans la lecture autonome. Les apprentis lecteurs n’auront plus qu’un seul problème : l’embarras du choix !

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