Jeunesse

Alex Bell

Emmurées

illustration

Chronique de Céline Bouju

Bibliothèque/Médiathèque La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)

L’horreur s’invite dans nos lectures et risque bien de hanter nos nuits. Comme il est bon et terrifiant à la fois de sentir ce petit frisson de peur nous parcourir l’échine et cette appréhension (nous saisir) avant de tourner la page suivante. Trois romans pour une seule et même destination : l’angoisse.

Le roman d’horreur n’est pas très bien représenté en littérature adolescente. C’est pourquoi il est assez exceptionnel de noter la parution presque simultanée de trois textes du genre. De plus, fait étonnant, si les histoires diffèrent, on relèvera des points communs, comme la présence de poupées maléfiques. Il faut dire qu’en matière d’épouvante, certains éléments sont incontournables : une vieille maison théâtre de crimes sordides et macabres, des fantômes en errance, des chuchotements dans des pièces vides, des chansonnettes inquiétantes. Vous verrez, tout y est. Commençons avec Pour un œil de poupée qui est un roman d’ambiance, ici étouffante. On s’enfonce doucement dans une sorte de cauchemar éveillé et le malaise monte, crescendo. Hadley, l’héroïne, est en colère contre sa mère qui la délaisse et l’a fait emménager dans cette sinistre maison. Au grenier, Hadley découvre un œil de poupée et une maison, réplique parfaite de celle qu’elle habite. Sans qu’elle en ait vraiment conscience, Hadley va jouer avec le feu, comme cette petite fille à qui avait été offerte cette étrange maison de poupées et dont on suit en parallèle le récit de l’inexorable descente aux enfers. Glaçant jusqu’au bout. Dans Emmurées, en revanche, dès les premières pages, le malheur s’abat, implacable et effrayant. En effet, Sophie perd brutalement son meilleur ami. Encore sous le choc, elle doit aller passer quelques jours chez son oncle. Là-bas, l’atmosphère est pesante. Son cousin et ses deux cousines se comportent bizarrement. Ils peinent à se remettre du décès de leur jeune sœur Rébecca, survenu quelques années plus tôt. Mais surtout, il y a les « Frozen Charlotte », ces poupées inquiétantes exposées dans une vitrine de la chambre de la défunte. Sont-elles de simples jouets ? Ce roman ne lésine pas sur les moyens pour nous terrifier. Enfin, dans La Maison abandonnée, l’horreur est bien là aussi, tapie dans l’ombre. C’est l’été et lors d’une balade en canot, Jacob et Ichiro découvrent une vieille bâtisse isolée qui semble les attirer comme un aimant. D’extérieur délabré, l’intérieur de cette maison, datant du début des années 1900, semble encore habité. Aux deux garçons se joignent Hannah et Hayden. Ensemble, ils vont enquêter et découvrir l’histoire terrifiante de cette demeure : un médecin s’y est suicidé après avoir poignardé sa femme. Et la maison semble aujourd’hui encore exercer une influence néfaste. Après cela, vous aurez peur d’ouvrir les yeux mais aussi de les fermer !

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