Littérature étrangère

Donal Ryan

Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe

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photo libraire

Chronique de Charlène Busalli

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Après son magnifique roman choral Le Cœur qui tourne (Le Livre de Poche), Donal Ryan revient avec un livre aussi drôle qu’émouvant. Si vous rêvez d’avoir un aperçu de la vie « à l’irlandaise », suivez Johnsey Cunliffe, un guide pas comme les autres.

Timide, introverti et doté d’une confiance en lui proche du néant, Johnsey se laisse marcher sur les pieds depuis sa plus tendre enfance. De Dermot McDermott, l’ouvrier agricole de ses parents, à Packie Collins, son patron à la coopérative du village, tous le traitent comme un bon à rien. Mais son plus grand tourmenteur reste Eugene Penrose, une brute épaisse qui prend un malin plaisir à le persécuter depuis l’école primaire. Quand ses deux parents meurent, le laissant seul à la tête de la ferme, un consortium nouvellement créé propose à Johnsey de racheter ses terres, lui faisant miroiter, ainsi qu’à tout le village, le Saint Graal version XXIe siècle : un plan immobilier qui apporterait joie et prospérité à cette contrée isolée. Sentant l’entourloupe, Johnsey refuse. Qu’à cela ne tienne ! Si l’idiot du village n’est pas aussi facilement manipulable que prévu, l’opinion publique l’est. Et Johnsey, qui a pourtant le cœur sur la main, va se retrouver dans le collimateur de toute la petite communauté – ou presque. Heureusement, il dispose encore de quelques alliés, qu’il s’agisse des Unthank, amis de longue date de ses parents, ou de Dave et de la belle Siobhán, ses nouveaux amis rencontrés dans des circonstances disons… particulières. Toutefois, rien n’est simple, pas même cette si belle chose qu’est l’amitié. Donal Ryan confirme son incroyable talent avec ce deuxième roman aussi bouleversant que pétri d’humour. Il habite ses personnages comme peu d’auteurs parviennent à le faire, tout en offrant à ses lecteurs un portrait saisissant de la société irlandaise à l’heure du libéralisme triomphant. Saluons aussi la splendide performance de Marina Boraso, qui a su traduire en français un Johnsey aussi attachant et bouleversant que l’original.

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