Littérature étrangère

Kate Summerscale

Un singulier garçon

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photo libraire

Chronique de Charlène Busalli

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Kate Summerscale nous plonge au cœur d’un fait divers des plus troublants : le cas d’un enfant anglais qui a assassiné sa mère à la fin du XIXe siècle. Un livre prenant et très documenté, qui se dévore comme un bon polar.

8 juillet 1895. Robert et Nathaniel Coombes, deux garçons de Plaistow, un quartier ouvrier d’East London, se rendent à un match de cricket après avoir expliqué à leur voisin que leur mère est partie pour quelques jours chez sa sœur, dans le Nord-Ouest de l’Angleterre. Leur père, chef steward, se trouve à ce moment-là sur un bateau à vapeur faisant cap sur New York. Les garçons s’en vont alors chercher John Fox, un ami de la famille que les gens qualifieront par la suite de « benêt », afin qu’il s’occupe d’eux pendant l’absence de leur mère. Quelques jours plus tard, alertée par les voisins de l’odeur pestilentielle qui se dégage de leur maison, la tante des garçons interrompt une partie de cartes entre John Fox et les deux garçons, et découvre le cadavre de sa belle-sœur dans sa chambre fermée à clé. Robert, 13 ans, avoue avoir commis le crime. Il se retrouve, avec son frère de 12 ans et John Fox, inculpé pour meurtre. Le procès va évidemment faire sensation. Qui est ce garçon que les gens décrivent comme extrêmement intelligent, grand amateur de penny dreadfuls – ces romans sensationnalistes dont raffolent les gamins de l’époque –, et si fasciné par les affaires de meurtre qu’il n’hésitera pas à passer à l’acte contre sa propre mère dès qu’il en aura l’occasion ? Au-delà de la reconstitution de l’enquête et du procès, Kate Summerscale nous offre un splendide tableau du Londres victorien, de ses quartiers ouvriers et de son atmosphère fin de siècle, grâce aux informations puisées dans les journaux et la littérature de l’époque. L’auteure a aussi effectué un gros travail de recherche pour découvrir ce qui est arrivé à Robert Coombes après sa condamnation. Mais n’en révélons pas trop sur cette seconde partie du livre, qui se trouve être tout aussi passionnante que la première.

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