Littérature étrangère

Jenny Offill

Bureau des spéculations

photo libraire

Chronique de Charlène Busalli

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Le sujet du roman de Jenny Offill paraît banal. Un mariage qui chancèle, une femme seule face à ses problèmes de couple. Mais tout le talent de l’auteure réside précisément dans sa facultré à transformer une matière romanesque a priori inconsistante en un grand livre qui nous bouscule et nous interroge. Elle y parvient grâce à une écriture fragmentaire, épurée, qui nous livre les pensées et les sentiments d’une femme tourmentée par son quotidien. Cette femme – qui ne sera jamais nommée – raconte sa rencontre avec l’homme qu’elle épousera, les aléas de la vie à deux, puis les affres de la maternité, qui lui apporte pourtant une joie qu’elle ne peut expliquer. Elle divague parfois, cite Fitzgerald ou Rilke quand ses propres mots ne suffisent plus à expliquer ce qu’elle ressent. Elle nous agace et nous émeut à la fois. Puis le roman bascule à la troisième personne lorsque l’infidélité du mari se fait jour, comme si la distance était le seul moyen de se confronter à ce que la femme ne peut accepter.

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