Jeunesse

Clémentine Sourdais

Le Très Grand Petit Poucet

illustration

Chronique de Gaëlle Farre

Librairie Maupetit (Marseille)

Si l’on associe des auteurs tels que Charles Perrault et Bernard Friot, Pierre Coran, Luda Schnitzer et Muriel Bloch, à des illustratrices comme Clémentine Sourdais, Julia Wauters, Charlotte Gastaut et Violaine Leroy, on obtient des parutions contées chaleureuses et pétillantes.

Le Petit Poucet, ou plutôt Le Très Grand Petit Poucet, ouvre le bal ! Le minois irrésistible de ce dernier accroche le regard sur la couverture orangée vitaminée. À l’intérieur, la sobriété de la mise en page du texte de Charles Perrault (dans sa version intégrale) répond à la magie du papier découpé de Clémentine Sourdais. On la connaissait pour ses jolis petits formats en leporello du Petit Chaperon Rouge, du Chat Botté et de Barbe-Bleue (également chez Hélium), où son talent ciselé s’est révélé et affirmé. Ici, la virtuosité de la jeune femme se déploie dans un volume à la reliure classique mais au format généreux (26,7 x 34,7 cm). À une page de texte répondent une page en papier découpé et une page illustrée. Cette alternance crée une belle dynamique dans la lecture. C’est épatant ! Restons en forêt et rendons-nous chez Pierre et le loup. On ne présente plus ce conte musical écrit par Sergueï Prokofiev en 1936 pour initier les enfants au monde de la musique classique. Dans ce livre-CD, une nouvelle voix est associée aux aventures du petit garçon, celle de Jacques Gamblin, et c’est Julia Wauters qui est aux commandes de l’univers graphique. La plus grande surprise du volume réside dans la suite que propose Bernard Friot au conte : « Le canard est toujours vivant ». Où l’on apprend ce que devient le canard qui finissait dans le ventre du loup. Associée à la musique tonique de Jean-François Verdier, c’est un bel hommage qui est rendu à ce classique de la littérature jeunesse. Sans musique, mais avec des images magnifiques, passons à La Flûte enchantée. Le poète Pierre Coran a adapté pour les plus jeunes le célèbre opéra de Mozart et Schikaneder, dans lequel l’obscur Monostatos menace l’amour de Tamino et Pamina. Charlotte Gastaut investit les pages avec des couleurs vives et des décors somptueux. Ses branches d’arbres, ses oiseaux et les costumes des personnages ne manqueront pas d’émerveiller les lecteurs. Vient enfin Contes de Luda, dans lequel Muriel Bloch rend hommage à son amie Luda – restée célèbre pour ses contes russes illustrés par Bilibine. Muriel Bloch signe une préface émouvante avant de proposer un choix de vingt-deux contes de Luda, qui nous font voyager du Viêt-Nam à l’Arctique, et de la Lettonie à l’Arménie. Violaine Leroy a enrichi chacun d’une illustration. Luda avait particulièrement à cœur de défendre la magie contenue dans les histoires et c’est sur ses mots que je souhaite terminer : « Le conte permet aux yeux du savoir de s’ouvrir sur le monde visible et invisible. »

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