Jeunesse

Jacques Prévert , Domitille et Amaury

Simple comme bonjour

illustration

Chronique de Gaëlle Farre

Librairie Maupetit (Marseille)

Raymond Queneau disait que « la poésie est partout ». Si l’on est attentif aux éléments autour de soi, la poésie peut effectivement se nicher dans le quotidien de tout un chacun. Comme des œuvres d’art, elle peut se dessiner, se chanter et s’écrire dès le plus jeune âge.

Sarbacane donne régulièrement carte blanche à un collectif de trente-deux illustrateurs autour d’une thématique – les premières étaient l’éléphant, le loup et la cabane. Trente-deux illustrateurs laissent alors libre cours à leur imagination sur la thématique, et les dessins sont accompagnés d’une ode poétique signée François David. Dans ce nouvel opus, c’est la figure autant aimée que crainte de l’ours qui est mise à l’honneur. Un animal pour le moins ambivalent et d’autant plus passionnant à représenter en images et en textes. Un ours, des ours est un nouvel album hors normes dans lequel on côtoie des ours polaires, des ours doudous et des oursons mignons. On trouve aussi un ours féministe, un autre en forme de bouteille de lait, et l’ours de cirque n’est pas oublié. Les textes de François David sont d’une superbe qualité, tour à tour touchants, émouvants et drôles. À ne pas manquer. Dans Simple comme bonjour, les artistes Domitille et Amaury rendent hommage à Jacques Prévert en mettant en musique une quinzaine de ses poèmes. Le choix de ce poète si cher au cœur de nombreux lecteurs était tout indiqué pour assouvir l’amour des mots et de la langue française que partage le duo. Domitille et Amaury apportent une fraîcheur musicale originale aux poèmes. Il y a une note jazz importante dans les airs et l’usage des percussions, l’inclusion de bruitages, mâtinés d’une touche d’électro, renforce la modernité des mélodies et des voix. À noter que les poèmes sont illustrés dans le livre par les couleurs riches et vives de Séverin Millet. Dans Belles poésies pour grands tableaux, vingt poésies sont placées en regard de vingt tableaux. Le choix des artistes est varié, tant dans les textes que dans les images, mêlant le classique au contemporain. Le double objectif, consistant à faire découvrir des œuvres picturales aux enfants et des œuvres poétiques et littéraires, est pleinement réussi. Dans J’écris des haïkus, l’intention de faire prendre la plume aux lecteurs est évidente. Mais l’ouvrage est, en filigrane, un riche documentaire très finement illustré qui mérite que l’on s’y attarde. Les règles et jeux d’écriture pour composer ces fameux poèmes miniatures sont déclinés au fil des saisons. On nous décrit les rites propres à chacune, des portraits des grands noms du haïku sont également présents. Le ton utilisé tout au long du livre est très doux et invite à la contemplation, à prendre son temps et à faire attention. Il s’agit d’une vraie leçon de vie.

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