Jeunesse

Alice Melvin

Les Boutiques d’Angélique

illustration

Chronique de Gaëlle Farre

Librairie Maupetit (Marseille)

Jouer à la marchande est l’un des jeux préférés des enfants. Après avoir lu Les Boutiques d’Angélique ou Rue de l’Articho, il se pourrait bien qu’ils décident de joindre aux traditionnels fruits et légumes un cacatoès, un sac de « croquettes pour chienchiens » ou un certain « best-seller ».

Angélique a une liste de courses bien peu commune : « Une rose jaune, un tuyau d’arrosage, une grappe de raisin, des patins à roulettes, un cacatoès, un mirliton siffleur, un tapis d’Orient, un pichet rayé, une tartelette aux cerises, une sucette en forme de cœur. » Son panier au bras, elle arpente d’un pas alerte la grand-rue à la recherche de tous ces articles. La petite fille entre dans les boutiques : les pages de droite s’ouvrent et laissent découvrir l’intérieur des magasins, invitant le lecteur à chercher avec Angélique parmi les étagères et autres étals. On ne peut qu’être émerveillé par les plans en coupe finement dessinés de la confiserie ou de la boulangerie, de la quincaillerie ou du magasin de jouets. Les Boutiques d’Angélique est empreint d’une ambiance toute britannique et d’un charme rétro absolument irrésistible. Les illustrations d’Alice Melvin sont très minutieuses et son trait est délicat, ce qui donne à l’album un caractère précieux.

L’album Rue de l’Articho commence également par une liste de courses pas banale. Il s’agit, comme dans Les Boutiques d’Angélique , de trouver des articles dans les boutiques dessinées par seize illustrateurs. Si la trame est la même, l’ambiance est ici bien différente de celle du précédent album. Rue de l’Articho est en effet signé par un collectif qui se distingue par son humour, sa fraîcheur et sa vivacité, tant dans le trait que dans les textes. On trouve par exemple des « remèdes de cheval » à la pharmacie et des « Rébouc » au magasin de sport.

Les illustrateurs ont reçu la consigne de se portraiturer en commerçant. Ainsi, Arnaud Boutin est pharmacien, Vincent Mathy est marchand de jouets, Benjamin Chaud est boulanger et Chamo est marchande de fruits et légumes. Les magasins sont tous situés rue de l’Articho, à Vinaigrette-sur-Loire, et le lecteur, qui va de boutique en surprise, reconnaîtra Quick et Flupke au magasin de farces & attrapes, Mario et Toad au magasin de jeux vidéo. La vitrine de la librairie vaut le détour et l’on s’amusera à reconnaître les références mises en avant.

Rue de l’Articho est drôle et les jeux de mots sont nombreux, les couleurs sont vives et le ton est résolument moderne, ce qui compose un album festif et tonique.

Voilà deux albums qui mettent à l’honneur le commerce indépendant. Que c’est plaisant d’imaginer qu’une liste de courses peut comporter autre chose que bouteille de lait et saucisson sec… vive les bouquets de violettes et les tartelettes aux cerises !

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