Littérature française

Constance Rivière

La Vie des ombres

photo libraire

Chronique de François-Jean Goudeau

Etablissement Scolaire ESTHUA - Université d'Angers (Angers)

Jamais récit n’a porté aussi bien son nom. Car si c’est bien l’œuvre du documentariste américain Frederick Wiseman que Constance Rivière consacre, explorant l’obsession du cinéaste pour les institutions, déshumanisantes en début de carrière (l’hôpital psychiatrique, l’armée, le grand magasin) puis ouvertes, émancipatrices à la fin de celle-ci (le théâtre, la salle de boxe, la bibliothèque publique), c’est aussi et parallèlement le récit d’une femme à la recherche de son père. Qui est désormais une ombre, à l’instar des laissés-pour-compte de la société américaine que l’« homme sage » (Wise Man) ne se lasse pas de filmer depuis bientôt cinquante ans, « comme d’autres soignent, car faire attention, regarder et écouter, rendre corps et voix, c’est déjà prendre soin ». Un écrin et un hommage à la fois à la puissance idéelle, à celles et ceux qui se cognent contre les murs, au doute, à l’apprentissage artistique, sensible et mémoriel, sublimés par une écriture précise, lucide, brillante.

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