Essais

Jean-Philippe Pierron

Où va la famille ?

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photo libraire

Chronique de Christine Lechapt

Librairie Maison du livre (Rodez)

Si on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas non plus le pays dans lequel on naît. Parfois des drames se jouent à l’autre bout de la planète, dont nous, Occidentaux, n’avons pas toujours conscience.

Si l’adoption de la loi instituant le mariage pour tous a déchaîné les passions, c’est parce qu’elle a grandement ébranlé le modèle de la famille dite « traditionnelle ». Pour Jean-Philippe Pierron, « un monde s’en va, un monde s’en vient ». La « bonne » famille avec ses règles, ses obligations et ses rapports de domination, a vécu. Dans notre société contemporaine, « la famille, il ne suffit plus d’y être pour en être ». En effet, au-delà du simple lien biologique, la nouvelle institution qui se dessine est le résultat d’un long processus qui conduit à la reconnaissance mutuelle de chacun de ses membres comme faisant partie d’un tout. C’est alors le symbolique qui fait la famille et la différence est ainsi rendue compatible avec la similitude, même si le chemin est parfois douloureux. Jean-Philippe Pierron livre ici une passionnante analyse qui permet de dépasser les passions actuelles. À la naissance d’un enfant, comme une sorte d’automatisme, nous l’enregistrons auprès de l’état civil. Or, à travers le monde, 230 millions d’enfants ne sont pas déclarés à la naissance et pour eux, cela a des conséquences catastrophiques. Sans accès à l’éducation ni au système de santé, ils vivent tels des fantômes, sans la protection de leur pays. Ils sont alors des proies faciles pour les trafics les plus sordides. À qui la faute ? À leur pays tout d’abord, parce que celui-ci n’est pas toujours équipé des infrastructures permettant de procéder à cet enregistrement, mais également à leurs parents, trop pauvres, insuffisamment informés de son importance ou aveuglés par leurs croyances. Dans Les Enfants fantômes, vous découvrirez le combat d’hommes et de femmes qui se battent pour mettre fin à cette tragédie. Cette lutte, portée par l’Unicef et soutenue par Robert Badinter, mérite notre intérêt.

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