Essais

Sanjay Subrahmanyam

Leçons indiennes

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photo libraire

Chronique de Christine Lechapt

Librairie Maison du livre (Rodez)

Après ses très remarqués Vasco de Gama et Comment être un étranger, les éditions Alma nous convient à découvrir l’itinéraire intellectuel du grand historien indien Sanjay Subrahmanyam.

Sanjay Subrahmanyam constate d’un air amusé que dans certaines librairies américaines, celles qui subsistent malgré Amazon, existe une section au rayon histoire intitulée « Over-size Anthropology » que l’on pourrait traduire par « Anthropologie surdimensionnée ». Si cela désigne en l’occurrence les ouvrages en grand format, il émet l’idée de créer un rayon « Histoire en surpoids » pour des livres comptant de 600 à 1 200 pages, publiés par de grandes maisons commerciales. Rien à voir avec les publications d’histoire universitaires, de plus petit format et qui doivent leur existence à de multiples subventions. Leçons indiennes n’est ni l’un ni l’autre de ces ouvrages. Sollicité par son éditeur pour rédiger « un livre sans notes de bas de page » et qui pourrait intéresser un large lectorat, il regroupe ici des articles et des entretiens publiés entre 1995 et 2012. On y découvre les « itinéraires d’un historien », de Delhi à Lisbonne, puis à Paris et Los Angeles, en passant par Amsterdam, que ce soit comme étudiant, enseignant ou chercheur. Ce parcours nous permet de mieux connaître ce défenseur de l’Histoire connectée, dont l’ouvrage sur Vasco de Gama lui valut la reconnaissance internationale. Au fil des pages se dessine le portrait d’un observateur engagé d’un point de vue politique, mais également au niveau culturel, dont le regard acéré et la liberté de ton portent souvent à sourire. Combattant toutes les formes d’intégrisme et de nationalisme, égratignant au passage ses confrères historiens tout autant que des grands noms de la littérature indienne comme Salman Rushdie ou V. S. Naipaul, on a plaisir à découvrir la vision du monde de ce brillant savant, très éloignée de la bien-pensance ambiante ou des critiques stériles.

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