Littérature étrangère

Douglas Kennedy

La Symphonie du hasard

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photo libraire

Chronique de Christine Lechapt

Librairie Maison du livre (Rodez)

Si les secrets de famille sont au cœur de ce premier volet d’une grande saga familiale, Douglas Kennedy dresse également le portrait de l’Amérique des années 1970. Un projet plutôt ambitieux mais parfaitement maîtrisé.

Alice Burns, éditrice à New York, quitte son bureau un jeudi sur deux pour rendre visite à son jeune frère Adam qui croupit en prison. Lors d’une de leurs entrevues, celui-ci, bien décidé à soulager sa conscience, lui révèle un secret de famille qui ne sera pas sans conséquences. Alice replonge alors dans ses souvenirs d’enfance. Sous les apparences d’une famille modèle, celle d’Alice est étouffante et dans les années 1970, alors qu’elle termine sa dernière année de collège, elle compte les mois qui la séparent de son entrée à l’université. Entre une mère aigrie par sa vie de femme au foyer et un père catholique irlandais, raciste et sexiste, qui n’en finissent pas de se déchirer, elle rêve du jour où enfin elle pourra profiter du vent de liberté qui traverse la société américaine. C’est en effet l’époque où des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent contre la guerre au Vietnam et où les femmes, les Afro-américains et les homosexuels commencent à se faire entendre. Mais l’élection de Richard Nixon va marquer un coup d’arrêt à cette évolution en divisant profondément le pays. Et la famille Burns ne sera pas en reste. Malgré tous ses efforts pour rester en dehors des querelles intestines qui déchirent sa famille, Alice n’en finit pas de découvrir leurs biens troublants secrets. C’est lorsque profondément bouleversée par des tragédies survenues à l’université – mais déterminée à terminer ses études à Dublin – que son père lui apprend sans doute le plus déroutant d’entre eux : il est agent de la CIA et a participé au coup d’État d’Augusto Pinochet. Douglas Kennedy nous embarque dès les premières pages dans la vie d’Alice Burns et de sa singulière famille pour en faire des personnages particulièrement attachants. Tant et si bien que les quitter sera un véritable déchirement.

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