Essais

Michel Odoul

L’Animal en nous

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Chronique de Christine Lechapt

Librairie Maison du livre (Rodez)

L’animal est-il intelligent ? A-t-il un sens moral ? A-t-il des sentiments ? Autant de questions sur lesquelles les candidats de l’agrégation de philosophie devront se pencher cette année. Alors que ce sujet divise les philosophes, d’autres disciplines peuvent nous apporter quelques éclairages.

Pierre, d’ordinaire plutôt enjoué, est depuis quelque temps profondément désabusé par le comportement de ses contemporains. Il croise alors son ancien professeur de Sciences naturelles, Florimond Berthier. Tandis que Pierre lui expose ses interrogations, le professeur lui laisse entrevoir que pour remettre du sens dans nos existences, il est important de retrouver les liens que nous entretenons avec l’espèce animale. Grâce à une intéressante démonstration, qui va de l’approche scientifique darwinienne à des pratiques plus ésotériques comme la métempsychose, Michel Odoul nous livre une fable qui en dit long sur la désorientation de l’espèce humaine, et qui redonne un rôle essentiel à l’animal. Dans L’Animal à l’âme, Sandrine Willems va un peu plus loin encore dans cette direction. Alors qu’à un moment difficile de sa vie, elle éprouve le besoin d’adopter un chien, elle se rend compte à quel point celui-ci semble agir sur elle comme un « médicament ». Elle cherche alors à comprendre ce phénomène en analysant différents courants de pensée, et constate que la philosophie a longtemps buté sur la question animale, faisant preuve d’anthropocentrisme en ne voyant dans l’animal que ses manques par rapport à l’homme – au premier rang desquels, le langage. Cette thèse est à rapprocher de celle des psychanalystes qui se heurtent à l’absence de langage, seul chemin vers l’inconscient. C’est sans aucun doute l’éthologie qui nous apporte le plus de réponses et démontre de façon troublante l’analogie entre l’animal et l’homme. C’est ce qui permet d’expliquer l’incroyable succès de certaines thérapies centrées sur l’animal, qui réussissent là où la psychologie ou la psychiatrie échouent. Reste à déplorer, comme Sandrine Willems, leur marginalité, voire leurs domaines d’intervention quelque peu restreints. Si L’Animal à l’âme apporte la preuve de l’indéniable effet thérapeutique de l’animal, il reste cependant à se poser la question de savoir quelle est la responsabilité morale de l’homme vis-à-vis de celui-ci. En effet, il paraît essentiel de s’interroger sur la manière dont l’homme doit traiter l’animal. L’Anthologie d’éthique animale reproduit les réflexions d’auteurs venant de tous horizons, de la littérature, de la philosophie, de la science voire de la théologie. On mesure le chemin parcouru depuis l’Antiquité, mais également à quel point l’animal n’en a pas fini de faire couler de l’encre.

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