Jeunesse

Nicolas Digard , Myriam Dahman

Les Chemins de l’école

illustration

Chronique de Frédérique Franco

Librairie Le Goût des mots (Mortagne-au-Perche)

La série Les Chemins de l’école des éditions Nathan nous emmène aux quatre coins du monde, à la découverte d’enfants qui effectuent de véritables voyages pour rejoindre leur école. Une aventure de tous les jours, des parcours parfois difficiles mais entrepris avec le sourire, racontés au sein de romans passionnants.

On se souvient du très beau film Sur le chemin de l’école réalisé en 2013 par Pascal Plisson. On y suivait plusieurs écoliers à travers le monde. Pour chacun d’eux, aller à l’école n’allait pas de soi, mais était au contraire une véritable aventure au quotidien. Le film a ensuite donné lieu à une série documentaire diffusée sur France 5. Le sujet est à présent décliné en quatre livres, à travers une série de quatre beaux portraits d’enfants, Devi, Erbol, Ani et Francklyn. Erbol, qui vit en Kirghizie, parcourt plusieurs kilomètres de routes enneigées à cheval, durant plus de trois heures. Après un réveil à 5 heures du matin, il quitte son village isolé, sous les recommandations de prudence de ses parents. Une fois arrivé au village, il fait une halte chez sa grand-mère, où, après une rapide toilette, il revêt l’uniforme obligatoire et se rend au collège. Devi habite en Inde. Une fois accomplies ses tâches domestiques quotidiennes, elle quitte sa maison accompagnée d’autres écolières. Ensemble, elles parcourent les champs, les rizières, les plaines, et même les rivières qu’elles traversent jambes dans l’eau et sacs au-dessus de la tête. Devi est heureuse d’aller à l’école, elle qui rêve de devenir médecin pour soigner les plus démunis de son village. Francklyn, lui, grandit au sud de Madagascar. C’est avec son frère Olivier qu’il parcourt chaque dimanche matin, à pied, les vingt kilomètres les séparant de son école. Les deux garçons ne perdent pas leur bonne humeur tout au long du trajet. Ils resteront tous les deux seuls durant la semaine, jusqu’au week-end suivant. Enfin, nous suivons Ani, qui habite un village sur pilotis dans une petite île de la Malaisie. C’est en pagayant durant plus d’une heure à bord de son canoë qu’il rejoint l’école. Par tradition, il est accompagné matin et soir par son cousin, plus âgé que lui, même si celui-ci ne va plus à l’école. Après avoir croisé des poissons multicolores évoluant parmi les eaux turquoise, il arrive à l’école au moment du lever de drapeau et du chant quotidien de l’hymne national. Chaque histoire est un court roman dans lequel le narrateur est l’enfant lui-même. Il s’exprime à la première personne, comme s’il s’adressait au lecteur ou qu’il rédigeait un journal. Cette narration facilite l’identification et rend le propos très vivant. Chaque livre se termine par une partie documentaire apportant des informations sur le pays dont il est question – ce que l’on y mange, comment se déroule une journée type à l’école, etc. Les quatre histoires sont illustrées de très belles photos, véritables invitations au voyage et au dépaysement. Chaque récit est le reflet d’une réalité qui se trouve bien loin du quotidien de nos écoliers. Ces portraits permettent donc de voir l’école sous un autre angle. Un pas de côté pour découvrir que ce lieu est essentiel afin d’accéder à une vie meilleure… et, pour le lecteur, l’occasion de voir l’institution autrement.

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