Essais

Pierre Bayard

Le Titanic fera naufrage

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Chronique de Jérémie Banel

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Pierre Bayard poursuit son cycle sur les liens entre la littérature et le futur avec son nouveau titre consacré aux romans prémonitoires. Où comment les romanciers peuvent (parfois) décrire avec acuité et précision des événements futurs.

Dernier opus d’une trilogie qui comptait déjà Demain est écrit et Le Plagiat par anticipation (Minuit), Le Titanic fera naufrage recense et analyse les occurrences littéraires et artistiques des anticipations et autres prémonitions. De la plus célèbre, le roman Le Naufrage du Titan, qui décrit à quelques détails près et avec quatorze ans d’avance le naufrage du Titanic, à d’autres moins connues (chez Proust par exemple), il en propose une grille d’analyse, ainsi que des pistes d’explication. Plaçant au cœur de sa démarche la sensibilité des écrivains et leur capacité à ressentir les potentialités des futurs, advenus ou non, il y réfute aussi les opinions les plus communément admises, telles que les simples coïncidences. Mais loin de verser dans l’ésotérisme en faisant des romanciers des devins ou des augures, il souhaite surtout leur rendre hommage et faire prendre conscience au lecteur des « brouillages » temporels induits par les romans. Célébrant ainsi la force de l’imagination adossée à une compréhension fine –et parfois visionnaire – dont font preuve les auteurs en question, Pierre Bayard ouvre de nouvelles pistes pour le lecteur. Toujours un peu provocateur, étirant certains raisonnements jusqu’à l’absurde, il semble surtout vouloir nous inciter à considérer la littérature sous un regard différent, débarrassé des carcans qui parfois l’enserrent et la limitent. Il réintroduit ainsi une forme de jeu avec la réalité au centre de la lecture, bien plus jubilatoire quand on la considère à travers le regard et les options qu’il suggère.

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